Friday, March 20, 2009

S21 child barred as civil party

Friday, 20 March 2009
Written by Georgia Wilkins and Neth Pheaktra
The Phnom Penh Post


Judges deny alleged Tuol Sleng survivor legal status at tribunal

A MAN believed to be a child survivor of the notorious Tuol Sleng detention centre will not be allowed to represent himself as a civil party in the upcoming trial of Kaing Guek Eav, the prison's chief, judges ruled earlier this month.

Though more than 12,000 men, women and children perished at the camp, known as S21, under the Khmer Rouge regime, Norng Chunphal was lucky enough to hide in a pile of clothes when the last remaining prisoners were slaughtered.

The 39-year-old applied to become a civil party two days after the cut-off for applicants in February, and judges have now ruled against allowing discretion to his case.

"I am not very happy with this decision because I really wanted to be one of the civil parties in this case," Norng Chunphal told the Post.

"I was late to apply because I work in a rural area.... But I don't have any other choice except to be a witness, and I think I can participate in the trial to bring justice to the victims, especially the victims of S-21 prison in which my parents were detained and killed," he added.

Researchers located the child survivor only last month when newly obtained archival footage from Vietnam indicated that he, along with his brother and two others, were likely to be alive.

After the court's Victim's Unit denied his late application, lawyers for the survivor filed a motion to appeal the deadline.

"Yes, I believe it is unfair, but I believe that we would have had no chance whatsoever [to appeal or request a reconsideration], as they would have respected the discretion of the presiding judge," civil party lawyer Alain Werner said, who confirmed Norng Chunphal had been added to their witness list.

"... the judges, all along ... were extremely clear about the fact that they would not accept any application filed late.... So we do not want to fight a lost battle, and a request to include him as a witness was the best solution given the circumstances," he added.

"Practically, that will mean that his testimony will carry more weight. But, of course, he will not be entitled to reparation [as a civil party]. And that is unfair," he said.

As the only child to survive the prison, there was a significant push to include him as a party to the proceedings, with lawyers focusing on the issue at the initial hearing of the case in February.

According to the court's rules, the president of the chamber may, by special decision, extend or shorten the deadline. However a decision, dated March 11 but obtained by the Post Thursday, says that Norng Chunphal's reason for missing the deadline was not deserving of discretion.

"...considerable efforts were made by the ECCC to inform the public of the existing deadlines....Consequently, the trial chamber denies the motion," it said.

Though the decision is classified "public", it has not been posted on the ECCC website.

Youk Chhang, director of the Documentation Centre of Cambodia, whose researchers led the hunt to find the surviving children, said he was disappointed with the decision.

"He put his application in late. It is not his fault but it is the law," he said.
"This will hopefully serve as a case to improve the current procedure of reaching out to what is the most vital audience - victims in remote areas," he added.

The substantive part of Kaing Guek Eav's trial, the first at the war crimes court, begins on March 30.

Though Norng Chunphal has been added onto the civil parties' witness list, it is up to judges as to whether or not he will be called upon during the trial.

33 comments:

Anonymous said...

Now look what Vietnamese build their case by paying this Khmer Norng Chunphal to molest China?
Duch is Vietnamese hero, and he took order from Hor Nam Hong. Did Hor Nam Hong belong to China KR? No he belonged to Viet KR.

Vietnam received 3 times awards:
1) Destroyed and killed Khmers then made themselves Khmers.
2) Award from the US.
3) sucking Khmer economy and the rest we can add.

Anonymous said...

Khmer need peace,Independence and Real Justice.

Sihanouk Ieng Sary,Leductho,Mao

Le procès de Nuremberg fut intenté contre 24 des principaux responsables du régime nazi, accusés de complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité. Il se tint à Nuremberg du 14 novembre 1945 au 1er octobre 1946.

Ce procès se déroula sous la juridiction du Tribunal militaire international de Nuremberg, créé en exécution de l'accord signé le 8 août 1945 par les gouvernements des États-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, de l'Union des républiques socialistes soviétiques et par le Gouvernement provisoire de la République française, afin de juger pour leurs actes les dirigeants du Troisième Reich.
Sommaire
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* 1 Précédents historiques
* 2 La maturation pendant la Seconde Guerre mondiale
o 2.1 Premières déclarations
o 2.2 La Commission des crimes de guerre des Nations unies
o 2.3 Discussions au sommet
* 3 Création du tribunal
o 3.1 Préparation
o 3.2 Pourparlers entre américains et britanniques
o 3.3 Discussion avec les Français et les Russes
* 4 Statut du Tribunal militaire international
o 4.1 Crimes contre la paix et complot
o 4.2 Crimes de guerre
o 4.3 Crimes contre l’humanité
o 4.4 Responsabilité et Impartialité
* 5 Choix des accusés
o 5.1 Élaboration de la liste
o 5.2 La liste des accusés
* 6 Choix du lieu
* 7 Composition de la Cour
o 7.1 Les juges
o 7.2 Le ministère public
* 8 Déroulement du procès
o 8.1 Procédure
o 8.2 Première séance
o 8.3 Avocats et accusés
o 8.4 Les audiences
+ 8.4.1 Preuves écrites
+ 8.4.2 Témoignages
+ 8.4.3 Attitude des accusés
o 8.5 L’accusation
+ 8.5.1 Le réquisitoire
+ 8.5.2 Le complot
+ 8.5.3 Les crimes contre la paix
+ 8.5.4 Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité
# 8.5.4.1 L’Europe occidentale
# 8.5.4.2 L’Europe orientale
# 8.5.4.3 La mer
+ 8.5.5 Le génocide juif
+ 8.5.6 Les organisations
o 8.6 La défense
+ 8.6.1 Hermann Göring
+ 8.6.2 Rudolf Hess
+ 8.6.3 Albert Speer
+ 8.6.4 Contre-attaques
# 8.6.4.1 Attitude des démocraties
# 8.6.4.2 Attitude de l’URSS
+ 8.6.5 Attente du verdict
* 9 Délibérations
* 10 Le verdict
o 10.1 Les organisations
o 10.2 Génocide juif
o 10.3 Les accusés
o 10.4 Les condamnés à mort et leur exécution
* 11 Les procès liés
o 11.1 En Allemagne
o 11.2 Au Japon
o 11.3 Dans les autres pays
+ 11.3.1 En France
+ 11.3.2 En Israël
* 12 Polémiques
o 12.1 La forme
o 12.2 Point de vue de la presse
o 12.3 Justice internationale ou vengeance des vainqueurs ?
o 12.4 Justice rétroactive?
o 12.5 Les crimes des Alliés
* 13 Héritages du procès
o 13.1 Justice internationale
o 13.2 Principes éthiques et politiques développés
o 13.3 Héritage médiatique
* 14 Notes et références
o 14.1 Notes
o 14.2 Références
* 15 Pour en savoir plus
o 15.1 Filmographie
o 15.2 Bibliographie
o 15.3 Liens externes

Précédents historiques [modifier]

L’un des premiers chefs d’état ou chef politique qu’on eut l’idée de juger pénalement devant un tribunal international fut Napoléon : « L’idée, mise en avant surtout en Angleterre, de le faire juger par des députés de tous les souverains d’Europe a quelque chose de séduisant ; ce serait le plus grand et le plus imposant des jugements qu’on eut jamais vus dans le monde ; on pourrait y développer les plus beaux principes du droit des gens…, et, de quelque façon que la chose tournât, ce serait un grand monument dans l’histoire[1] », écrit Joseph de Maistre dans une lettre au Comte de Front le 27 juillet 1815.

L’une des premières juridiction plurinationale date de 1899, date à laquelle la Cour permanente d'arbitrage est formée : elle existe toujours, mais ne s’est jamais reconnue de compétence pénale.
Signature du traité de 1919, galerie des glaces, Versailles

L’idée d’une juridiction internationale pénale ne date pas de la Seconde guerre mondiale, mais de la Première Guerre mondiale, ou plus exactement, des traités qui y ont mis fin :

* Le traité de Versailles qui stipule, en son article 27, la mise en accusation de l’empereur Guillaume II, « pour offense suprême conte la morale internationale et l’autorité sacrée des traités ». Il prévoit également qu'un tribunal spécial composé de représentants des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie et du Japon soit constitué. En son article 28, il demande le jugement des criminels de guerre, mis à disposition par le nouveau Reich qui doit les extrader sur demande.
* En son article 230, le traité de Sèvres prévoit quant à lui l’extradition par l'Empire ottoman des criminels de guerre pour leur jugement par un tribunal international.

Mais ces dispositions ne peuvent être appliqués dans la pratique :

* Le gouvernement hollandais, auprès de qui s’est réfugié Guillaume II, refuse de le livrer, se référant au principe de non-rétroactivité des lois. Le procès n’a donc pas lieu[2].
* La république de Weimar explique aux alliés que l’extradition susciterait une opposition populaire féroce, qui augmenterait l’instabilité du gouvernement. Le jugement des criminels de guerre, ou du moins d’une partie d’entre eux, a donc lieu en Allemagne, devant tribunal du Reich de Leipzig, de mai 1921 à décembre 1922. Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes : sur 901 accusés, 888 sont acquittés. Les 13 autres sont condamnés à des peines légères qu’ils ne purgeront pas[3].
* Le traité de Sèvres n’est pas ratifié ; le traité de Lausanne, qui le remplace, ne prévoit pas les même dispositions vis-à-vis de la nouvelle république de Turquie.

En 1922, la Cour permanente de justice internationale ouvre ses portes. Pas plus que les précédentes, elle n’a de compétence pénale. Elle est dissoute en 1946, avec la fondation de l’ONU[4].

La maturation pendant la Seconde Guerre mondiale [modifier]

Premières déclarations [modifier]

Dès le 17 avril 1940, les gouvernements français, anglais et polonais en exil dénoncent « la persécution des Polonais [et] le traitement atroce infligé à la communauté juive de Pologne ». Le 25 octobre 1941, interrogé sur les buts majeurs de la guerre, Winston Churchill évoque le « châtiment des crimes commis dans les pays occupés par l'Allemagne » et envisage une répression rapide.

Le 13 janvier 1942, des représentants de huit gouvernements en exil, ainsi que ceux du Comité national français (CNF), signent la déclaration du palais de Saint-James, dans laquelle ils expriment leur volonté de juger les criminels de guerre par l’établissement d’une juridiction internationale, en élaborant durant la guerre le cadre des futurs procès[5].

Le 17 décembre 1942, une déclaration interalliée, publiée simultanément à Londres, Moscou et Washington, condamne le dessein d’Hitler d’exterminer les juifs. Les gouvernements des pays occupés, ainsi que le CNF, affirment leur volonté de « châtier les coupables à la mesure de leurs forfaits[6] ». Toutefois, la nature et le moyen du châtiment ne sont pas plus explicites que dans la déclaration de Saint-James.

Le 30 octobre 1943, en même temps qu’est créée la « commission des crimes de guerre des Nations unies », Cordell Hull, Anthony Eden et Molotov, les trois ministres des Affaires étrangères des grandes puissances, rédigent une déclaration inspirée par leurs dirigeants : la « déclaration de Moscou ». Elle différencie deux types de criminels de guerre : ceux qui ont commis leurs crimes en un seul pays, et ceux dont les actes ont eu lieu dans différents pays. Si les premiers doivent être jugés par le pays dans lequel les crimes ont été perpétrés, les autres doivent être punis « en vertu d’une décision commune des gouvernements alliés ». L’importance de l’envergure géographique des crimes est mise en avant, mais pas celle de l’importance des crimes en eux-même[7].

La Commission des crimes de guerre des Nations unies [modifier]
Icône de détail Article détaillé : Commission des crimes de guerre des Nations unies.

Une commission chargée d’enquêter sur les crimes est créée en octobre 1943. Elle regroupe les nations occupées (Belgique, Chine, Grèce, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Tchécoslovaquie, France) ainsi que d’autres qui luttent de concert contre l’Allemagne nazie et ses alliés (Afrique du Sud, Australie, Canada, États-Unis, Indes, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni). L’URSS, ayant souhaité que chacune de ses républiques occupées soit représentée et n’ayant pas obtenu satisfaction, ne fera pas partie de la commission. Faute de moyens, la commission n’a que de minces résultats. Sa réflexion sur les questions juridiques alimente cependant les juristes qui prépareront le futur procès[8].

Discussions au sommet [modifier]
Les Alliés à la conférence de Téhéran

Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt et Joseph Staline discutent de diverses options pour poursuive les responsables nazis. Mais les positions de Alliés sont à la fois précises et antagonistes :

* les Anglais, partisans des jugements après la Première Guerre mondiale, ne souhaitent pas voir se répéter les parodies de procès. Tout en espérant que les principaux responsables du Troisième Reich se suicident ou que le peuple règle leur sort, Churchill souhaite faire exécuter, sans procès, certains responsables, dont une liste doit être établie[9]. Roosevelt l’appuie sur ce point.
* les Russes, par la voix de Staline, évoquent à la conférence de Téhéran, l’exécution de « 50 000 officiers allemands ». Seul l’interprète américain prend les paroles de Staline à la légère. Lorsque Churchill, nanti de l’accord de Roosevelt pour des exécutions sans jugement, vient à Moscou en octobre 1944 pour obtenir celui de Staline, celui-ci refuse[10]. Il ne veut pas d’exécutions sans procès, malgré les exhortations de Churchill qui souligne les lacunes du droit international.

À la fin de la conférence de Yalta, Churchill, conformément à la déclaration de Moscou, reformule sa demande que les principaux criminels de guerre soient exécutés.

À la fin de la guerre, les positions des anglo-américains sont revues. L’arrivée au pouvoir de Harry S. Truman change la position du gouvernement américain : il refuse les exécutions sommaires. De Gaulle, consulté par un proche de Roosevelt en avril 1945, est également favorable à un procès plutôt qu'à des exécutions[11]. Le 3 mai 1945, le Cabinet de guerre britannique renonce : Benito Mussolini ayant été assassiné par la foule, et Adolf Hitler et Joseph Goebbels s'étant suicidés, les Britanniques s’alignent sur la position de ses principaux alliés[10]. Finalement, c'est la conférence de Potsdam qui fixe le sort des ennemis des forces alliées, tant sur le front européen que sur le front asiatique.

Création du tribunal [modifier]

Préparation [modifier]
Robert Jackson

Harry S. Truman charge Robert Jackson, juge à la Cour suprême, de la préparation du procès. Celui-ci, ancien procureur général des États-Unis, est juge à la Cour suprême. Proche de Roosevelt, Jackson avait légitimé sur la plan juridique l’aide apportée aux Alliés par les États-Unis avant leur entrée en guerre. Dans un de ses premiers rapports à Truman quant au but du procès, il fait part au président de ses convictions : « Le procès que nous entamons contre les principaux inculpés a trait au plan de domination nazi, et non aux actes individuels de cruauté qui se sont produits hors de tout plan concerté. Notre procès doit constituer un historique bien documenté de ce qui était, nous en sommes convaincus, un plan d’ensemble, conçu en vue d’inciter à commettre des agressions et les actes de barbarie qui ont indigné le monde[12]. »


Pourparlers entre américains et britanniques [modifier]

Le 20 juin 1945, l’équipe américaine menée par Jackson arrive à Londres afin de négocier avec la délégation britannique. Celle-ci est menée par l’attorney general, Sir David Maxwell-Fyfe, qui sera remplacé après la victoire des travaillistes par Sir Hartley Shawcross. Les discussions portent sur deux points préalables. Faut-il organiser un seul grand procès ou plusieurs, et faut-il axer la procédure sir les crimes de guerre ou sur le complot nazi pour dominer l’Europe

Cette dernière question est primordiale pour les Américains : ils sont en faveur d’un procès axé sur l’accusation de complot, et celle de « crimes contre la paix », avec un nombre limité d’accusés et des preuves décisives, même si elles sont peu nombreuses. Ils sont également partisans de juger des organisations qui furent, selon eux, les principaux instruments du complot. Les Britanniques, quant à eux, souhaitent un procès très court, éventuellement de moins de deux semaines. Mais ils ne s’opposent aux Américains, et proposent les premiers noms des futurs accusés[13].

Discussion avec les Français et les Russes [modifier]

Le 24 juin 1945, arrive à Londres la délégation française, composée du juge Robert Falco, et du professeur André Gros, membre de la commission des crimes de guerre des Nations unies. Le 25 juin, c’est la délégation soviétique qui se présente : le général Iona Nikitchenko et le professeur Trainin. Ces deux délégations sont en désaccord avec la position anglo-américaine : ni les Français ni les Russes n'acceptent que les notions de « complot » et de « crimes contre la paix » soient au cœur du procès. Leurs deux pays ayant été gravement touchés par les crimes de guerre, ces délégations pensent que c’est cette notion qui doit être au centre du procès. Pour le professeur Gros, une guerre d’agression, n’est pas un crime par nature ; c’est la manière criminelle de la mener qui met les Allemands sur le banc des accusés[14].

De plus, la procédure est remise en cause par les Soviétiques, qui veulent également que le procès se tienne dans leur zone d’occupation, à Berlin, et non à Nuremberg comme le proposent les autres délégations. Néanmoins, après la conférence de Potsdam, Staline se range à l’avis des Alliés : le « complot » fera partie des chefs d’accusation, le procès aura lieu à Nuremberg. Le siège permanent du tribunal est cependant fixé à Berlin. Les accords de Londres, signés le 8 août 1945, définissent l’ensemble des règles du tribunal[15].

Statut du Tribunal militaire international [modifier]

Partie intégrante des accords, le statut pose les règles de fonctionnement du tribunal qui vont suivre une procédure de type anglo-saxonne. Le statut définit également les chefs d’accusation.

Crimes contre la paix et complot [modifier]

Les crimes contre la paix sont « la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre de violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes qui précèdent ». Cette définition précise par la suite que tous les accusés, sans exception, ont participé à un complot destiné à commettre des crimes contre la paix, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les auteurs exposent ainsi la notion de crimes contre la paix et la notion de complot. Tous les accusés seront inculpés de complot, presque tous de crimes contre la paix.

C’est une grande nouveauté : la guerre, considérée jusque là comme la prérogative d'un État souverain, peut désormais être considérée comme un crime en droit international[16].

Crimes de guerre [modifier]

La définition des crimes de guerre n'a pas changé depuis du début du XXe siècle : il s'agit de violations des lois et coutumes de guerre, dont l'assassinat et le mauvais traitements des populations civiles ou des prisonniers militaires, déportation des populations civiles, l'exécution d’otages, le pillages de biens, la dévastation et la destruction de villes ou villages sans motifs... Toutefois, les Alliés ne poursuivent que les crimes commis sur les personnes se trouvant au pouvoir des accusés, et non lors d’affrontements directs entre belligérants ou des bombardements d'objectifs non militaires[17].

Crimes contre l’humanité [modifier]

La définition des crimes contre l'humanité n’a été retenue qu’après un examen de quinze versions différentes. La version adoptée comprend dans cette notion « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout acte inhumain commis contre toutes les populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime entrant dans la compétence du tribunal ou en liaison avec ce crime[18] ». Cette définition est partiellement nouvelle : si la notion l’est, la définition peut s’appuyer sur le traité de Sèvres ainsi que sur les principes généraux du droit interne et du droit international[19].

Cette notion est limitée dans le temps : les crimes antérieurs au début de la guerre et postérieurs au 8 mai 1945 ne relèvent pas de la compétence du tribunal, à moins qu’ils aient un lien avec le « complot », comme lors de l’Anschluss. Ainsi, les persécutions des Juifs avant 1939, sur le territoire allemand notamment, ne sont poursuivies qu’en les considérant comme des « mesures militaires », destinées à atteindre les objectifs de guerre. C’est le point de vue anglo-saxon qui est retenu dans cette définition, opposé à l’idée d’André Gros qui aurait souhaité faire des persécutions un crime indépendant. Jackson et Maxwell-Fyfe ne sont pas disposés à juger ces mesures, affaires internes de l’Allemagne, à Nuremberg autrement qu’en les reliant au complot[18].

Responsabilité et Impartialité [modifier]

L’article 7 du Statut précise que la situation officielle d’un accusé comme haut responsable n'est pas considérée comme une circonstance atténuante, et n’entraîne donc pas de diminution de peine. Le tribunal précise que les représentants d’un État ne pourront être protégés, contrairement au droit international, s’ils sont reconnus comme criminels par le droit international[20].

L’article 8, quant à lui, confirme que les accusés ayant obéi à leur gouvernement ou à d’autres supérieurs hiérarchiques peuvent voir leur peine diminuée, mais sans que cela ne les dégage de leur complète responsabilité.

Enfin, le statut précise que le procès sera équitable, et que les accusés pourront choisir librement leurs avocats.

Choix des accusés [modifier]

Élaboration de la liste [modifier]

Au moment de la rencontre entre les délégations américaines et britanniques, ces derniers proposent une liste de dix noms, tous arrêtés par les Britanniques et les Américains et qui ont ont été chargés, à l'exception de Julius Streicher de hautes responsabilités au sein du régime nazi. Pour la plupart fidèles de la première heure et faciles à incriminer, les dix personnes présentes sur cette première liste sont faciles à incriminer. Les britanniques complètent ensuite cette première proposition en y ajoutant sept noms supplémentaires, dont celui d'Adolf Hitler, dont la mort n'est pas encore prouvée.

Tous ceux qui sont sur cette liste ont été chargés de grandes responsabilités, et ils seront faciles à incriminer ; presque tous sont des fidèles de la première heure. Les Américains acceptent la liste[21]. Entre la signature des Accords de Londres, le 8 août 1945, et l’ouverture officielle du procès, le 18 octobre 1945, les quatre délégations se réunissent pour établir la liste définitive des accusés[22] : Adolf Hitler en est retiré et huit nouveaux nouveaux noms y sont ajoutés[Note 1].

À côté de la mise en accusation de personnes physiques, l’une des innovations du procès de Nuremberg est la mise en cause de groupes complets d’individus, coupables de leur affiliation à l’une ou l’autre des organisations mises en accusation. Ainsi, Murray Bernays, avocat américain à qui l’on doit également l'élaboration de la notion de « complot », espère pouvoir provoquer des condamnations massives, tout en évitant deux écueils : l’impossibilité des trop nombreux procès individuels à organiser, et la proclamation d’une culpabilité collective allemande, contraire au droit. Ainsi, cette procédure permet de démontrer qu’une organisation est criminelle ; ensuite, dans le cas des individus, il ne reste plus qu’à prouver leur affiliation à cette organisation, qui ne suffit pas à elle seule à justifier une condamnation[23].

Cette demande de punitions massives est causée par la découverte des camps de concentration : l'un des journalistes qui en effectuent la visite, John Pulitzer Jr, rédacteur en chef d’un journal américain, réclame la mort de plus d’un million de nazi. Aussi, les responsables militaires vont demander dans une circulaire du 26 avril 1945, l’arrestation des dignitaires du parti nazi depuis le grade d’Orstgruppenleïter, des membres de la Gestapo et du SD, de tous les officiers et sous-officiers de la Waffen-SS, des officiers d’état-major, des officiers de police depuis le grade d’Oberleutnant, des officiers SA, des ministres, hauts fonctionnaires et responsables territoriaux, depuis le rang de Bürgermeister dans le Reich et commandants municipaux civils et militaires dans les territoires occupés, des nazis et sympathisants nazis de l’industrie et du commerce, des juges et procureurs des tribunaux spéciaux et des traitres et des alliés des nazis[24]. Toutefois, les documents permettant de recenser ces personnes sont rares[25], et la liste des organisations mises en accusation, déjà prévue dans les accords de Londres, est réduite à un nombre plus restreint.

Enfin, l’organisation interalliée qui contrôle l’Allemagne après la guerre émet une loi s’inspirant des accords de Londres, permettant aux tribunaux allemands de juger les criminels allemands[26]. Mais la non-rétroactivité des lois exigée par le commandement allié auprès des tribunaux allemands, pour éviter de voir à nouveau appliquées les lois nazies, empêche les juges d’appliquer ces dispositions[27]. Ces contradictions seront en partie effacées par le Tribunal, lors de la lecture du jugement.

La liste des accusés [modifier]

1. Hermann Göring est le plus haut dignitaire du Reich encore vivant après la mort d’Hitler, de Goebbels et d’Himmler, et est un ancien dauphin d’Hitler ; commissaire à l'aviation, commandant de la Luftwaffe, ministre de l'Intérieur de Prusse et ministre du Plan de quatre ans,
2. Rudolf Hess, dont l'état mental pose problème, prisonnier en Angleterre depuis le 10 mai 1941, mais avant cette date numéro deux du régime nazi et successeur désigné du Führer et membre du Conseil de la défense du Reich[Note 2],
3. Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères depuis 1938,
4. Robert Ley, dirigeant du Front allemand du Travail,
5. Wilhelm Keitel, chef de l’Oberkommando der Wehrmacht de 1938 à 1945,
6. Julius Streicher, l'un des antisémites nazis les plus virulents, directeur du journal Der Stürmer et Gauleiter de Franconie ; il a notamment organisé un boycott des commerçants juifs en 1933 et appelé à l'extermination des juifs ; il n’exerce plus de rôle dans le gouvernement depuis le début de la guerre,
7. Ernst Kaltenbrunner, successeur de Reinhard Heydrich depuis 1943 à la tête du RHSA (bureau central pour la sécurité du Reich),
8. Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme et ministre des Territoires occupés de l’Est,
9. Hans Frank, ancien avocat d'Hitler, président de l'Académie de droit allemand entre 1934 et 1941 et dirigeant du gouvernement général depuis 1939,
10. Wilhelm Frick, prédécesseur d’Himmler au poste de ministre de l’Intérieur du Reich, et dirigeant du protecorat de Bohème-Moravie; principal auteur des lois antisémites de Nuremberg en 1935
11. Hjalmar Schacht, ministre de l'Économie jusqu'en 1937 et président de la Reichsbank jusqu'en 1939 ; arrêté par les Américains à Dachau où l’avait enfermé Hitler depuis l’attentat manqué de juillet 1944 ;
12. Arthur Seyss-Inquart, ministre de l'Intérieur de la République autrichienne en 1938 il a activment pris part à l’Anschluss ; Commissaire du Reich pour les Pays-Bas où il fut responsable de la déportation des juifs hollandais.
13. Karl Dönitz, commandant en chef de la Kriegsmarine, et dirigeant du troisième Reich après la mort de Hitler du 1e au 8 mai 1945,
14. Walther Funk, successeur de Schacht à la tête de la Reichsbank et au ministère de l'économie;
15. Albert Speer, architecte d’Hitler, et successeur de Todt au ministère de l’Armement ; à ce titre, il a participé à l'exploitation de la main d'œuvre concentrationnaire,
16. Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes et Gauleiter de Vienne,
17. Fritz Sauckel, exécuteur du plan du Service du travail obligatoire, qui a entraîné la déportation de près de cinq millions de travailleurs forcés en Allemagne ;
18. Alfred Jodl, chef de l’état-major de la Wehrmacht ;
19. Franz von Papen, prédécesseur d’Hitler au poste de chancelier, nommé ambassadeur à Vienne après la Nuit des Longs Couteaux, puis en Turquie pendant la guerre ;
20. Konstantin von Neurath, prédécesseur de Ribbentrop comme ministre des affaires étrangères, et ancien dirigeant du protectorat de Bohème-Moravie, avant d’être remplacé par Frick,
21. Erich Raeder, commandant en chef de la Marine jusqu'en 1943 ; responsable de la guerre sous-marine à outrance et de l'exécution de commandos alliés,
22. Martin Bormann, successeur de Hess à la chancellerie du Reich, en fuite,
23. Hans Fritzsche, collaborateur de Goebbels, responsable de la presse et de la radio au ministère de la propagande,
24. Gustav Krupp von Bohlen und Halbach, dirigeant du groupe Krupp Ag, considéré comme médicalement inapte à suivre le procès.

Le premier cabinet du Reich (1933)

1. Le Cabinet du Reich (gouvernement), à partir du 30 avril 1933 ;
2. Le corps des chefs politiques du parti nazi (c’est-à-dire la hiérarchie du parti nazi) ;
3. La SS, y compris le SD ;
4. La Gestapo ;
5. La SA ;
6. L’État-Major général ;
7. Le Haut commandement des forces armées allemandes[28].

Choix du lieu [modifier]
Nuremberg en 1945

Si les anglo-américains proposent la ville de Nuremberg pour y tenir le procès, c’est avant tout parce qu'elle dispose des infrastructures nécessaires. Si une bonne partie de la cité est devenue un champ de ruines après les bombardements en 1945 et les durs combats pour la prise de la ville, elle possède encore quelques bâtiments utilisables : le palais de justice et la prison, reliés par un tunnel, l’hôtel de ville et le Grand Hôtel. Le symbolisme du lieu, où ont été proclamées les lois antisémites de 1935 et où ont eu lieu les rassemblements du parti nazi n’est pas à l’origine du choix, même s'il a sans doute pu renforcer celui-ci[29].

L’armée américaine rétablit l’électricité, le téléphone, l’eau, la circulation des tramways. Les différentes délégations sont logées en ville ou dans le village voisin de Zindorf. Les journalistes, dont Joseph Kessel, issus d’une vingtaine de pays, sont rassemblés dans la demeure de l’industriel Faber. Le cœur de Nuremberg est désormais le palais de justice, où des commerces s’installent. La nuit, le Grand Hôtel est le lieu de rassemblement de tout ce microcosme et de ses visiteurs, où l’on danse et où l’on va au théâtre[30].

Composition de la Cour [modifier]

Les juges [modifier]

Chaque puissance représentée dans les accords de Londres nomme un juge et un juge suppléant :

* Pour les États-Unis : Francis Biddle, John Parker suppléant ;
* Pour la France : professeur Henri Donnedieu de Vabres, Robert Falco suppléant ;
* Pour le Royaume-Uni : Justice Lawrence, Normann Birckett suppléant ;
* Pour l’URSS : major général Iona T. Nikitchenko, lieutenant-colonel A.F. Volchov suppléant.

Si les Russes sont les seuls à revendiquer des titres militaires, Lawrence, en tant que représentant en Angleterre la justice du Roi, est le deuxième personnage du royaume. Donnedieu de Vabres a enseigné le droit pénal ; Falco a représenté la France lors des négociations qui ont abouti au Statut[31].

Le ministère public [modifier]
Équipe soviétique.

Chaque procureur est entouré d’une équipe de procureurs adjoints et d’avocats généraux ou de substituts pour les aider dans leur tâche :

* Les États-Unis sont représentés par Robert Jackson et une équipe de trente-deux personnes.
* La France a choisi comme procureur François de Menthon, nommé par le général de Gaulle. Mais en 1946, de Gaulle se retire du gouvernement. Menthon, alors déjà ministre de la Justice, quittera Nuremberg et sera remplacé par Auguste Champetier de Ribes, qui décèdera en 1947. Dans l’équipe de dix personnes qui les assistent, on compte Edgar Faure, Charles Dubost et Serge Fuster, futur Casamayor. Léon Poliakov est utilisé par l'équipe en tant qu'expert.
* Le Royaume-Uni est représenté par Sir Hartley Shawcross, qui avait remplacé Maxwell-Fyfe aux négociations de Londres lors de la victoire des travaillistes. Shawcross, par son statut d’attorney general, doit siéger au gouvernement. Maxwell-Fyfe restera donc à Nuremberg afin de représenter le Royaume-Uni durant les absences de Shawcross. Il est épaulé par une équipe de sept personnes.
* L’URSS envoie une équipe de neuf personnes, pour seconder les procureurs Roman A. Rudenko, général, acteur secondaire du procès des seize, et Y.V. Pokrovsky, colonel[32].

Si, dans le ministère public, seuls quatre pays ont des représentants, chacun d’entre eux parlera pour d’autres, qui ont également adhéré aux accords de Londres. L’URSS parle ainsi pour les pays occupés de l’Est, et notamment les pays slaves : la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Serbie, la Slovénie, la Biélorussie et l’Ukraine. La France parle pour les pays occupés de l’Ouest : Belgique, Pays-Bas, Norvège, Luxembourg. En tout, dix-sept pays seront indirectement représentés[33].

Déroulement du procès [modifier]

Procédure [modifier]

Le procès est mené en suivant la procédure des pays du Common law, c'est-à-dire qu'elle est accusatoire ; il se déroule comme suit:

* lecture de l'intégralité de l'acte d'accusation,
* chaque accusé doit déclarer s'il plaide coupable ou non-coupable,
* le tribunal demande à l'accusation et à la défense quels sont leurs moyens de preuve,
* les témoins de l'accusation sont interrogés, puis ceux de la défense,
* les juges peuvent poser n'importe quelle question à tout moment,
* accusation et défense peuvent interroger librement témoins et accusés,
* la défense expose ses moyens avnt l'accusation,
* les accusés peuvent faire une déclaration,
* le tribunal prononce le jugement et statue sur la culpabilité et la peine de chaque accusé[34].

Première séance [modifier]
Justice Lawrence présidant.

Le 18 octobre 1945, le tribunal tient sa séance inaugurale à Berlin, comme prévu par l’article 22 du Statut. Elle est présidée par le juge soviétique, le général Nikitchenko[35].

Durant cette séance, l’acte d’accusation est remis au tribunal et aux inculpés. Ceux-ci reçoivent également copie du statut du tribunal et les des documents y afférents. Enfin, la présidence du procès est confiée au juge britannique, Justice Lawrence, qui sera anobli et deviendra Lord Oaksey après le procès.

Le procès de Nuremberg s’ouvre réellement le 20 novembre 1945. La lecture de l’acte d’accusation est faite dès la première séance et dure cinq heures. Quatre cent une autres audiences publiques vont suivre[36].

Avocats et accusés [modifier]

Des 24 accusés présents sur l’acte d’accusation, il n’en reste plus que 21 : Gustav Krupp a été retiré de la liste pour raison de santé, Martin Bormann ets introuvable et Robert Ley s’est suicidé avant l’ouverture du procès, le 25 octobre 1945[37].
Göring, Dönitz, Funk, Schirach et Rosenberg déjeunant à Nuremberg.

Avant le procès, la plupart des inculpés est détenue à Bad Mondorf, au Luxembourg, où ils sont soumis à des interrogatoires et bénéficient des soins pratiqués par un médecin allemand.

Les inculpés sont dans des états divers. Göring, obèse et morphinomane, subit une cure de désintoxication et suit un régime. Il apparaît donc au procès dans une forme correcte et en possession de ses moyens intellectuels. Hans Frank est été touché par la foi catholique durant sa détention. Ribbentrop, d’après son avocat, ne dort que grâce à des doses massives de bromure[38]. Un psychologue, G. M. Gilbert, maintient un contact journalier avec chacun d’entre eux, afin de prévenir un nouveau suicide. Les détenus sont soumis à une surveillance constante : le commandant de la prison, le colonel Andrus, veut s’assurer qu’aucun n’attente à ses jours sous sa responsabilité. Les accusés ne peuvent communiquer entre eux qu’au moment des repas ; ils peuvent par contre communiquer par lettre avec l’extérieur. Ils ont pu choisir leurs avocats selon une liste qui ne comporte qu’une seule restriction : pas de nazi ; les organisations ont, quant à elles, des avocats commis d’office[39].

Les audiences [modifier]
Le box des interprètes.

Le procès s’appuie essentiellement sur des preuves écrites, en grande partie issues des archives officielles du IIIe Reich. Si en raison de la procédure anglo-saxonne, qui privilégie l’instruction durant le procès, le public peut s’attendre à des événements spectaculaires, les témoins, interrogés au préalable, n’apportent généralement rien de nouveau lors de leur passage à la barre.

Avocats et procureurs s'appuient surtout sur des textes qu'ils lisent lentement afin que la traduction simultanée, grande innovation qui permet d’entendre les débats dans la langue de chaque participant (anglais, français, allemand, russe), puisse fonctionner. Cette lecture prend deux fois plus de temps que la normale ; un dispositif de lampes devant les orateurs leur permet de savoir si les traducteurs désirent qu’ils ralentissent ou arrêtent leur lecture[40].

Preuves écrites [modifier]
La salle du tribunal (de gauche à droite : les accusés, leurs avocats, les greffiers, le ministère public et enfin la Cour).

Elles ont été découvertes, pour la plupart, par les Américains durant leur avance. Mais certaines pièces ont suivi des voies différentes, comme le journal de Franck, remis directement par son auteur à ses gardiens. Le versement de toutes ces pièces, soit de milliers de documents, au dossier du procès va également révéler des secrets diplomatiques et militaires[41]. Les documents sont photocopiés par les documentalistes, puis rendus à la puissance à laquelle ils appartiennent ; une des copies sera considérée comme l’original au procès[42].

Témoignages [modifier]

En dix mois, 94 témoins sont entendus : 61 pour l’accusation, 33 pour la défense, dont Percy Ernst Schramm, futur historien allemand. La plus grande partie d'entre eux n'est interrogée que pour confirmer les éléments repris dans les documents produits. Le procès dure depuis quatre mois lorsqu’on entend enfin un accusé prendre la parole, en tant que témoin de son propre procès : c’est Göring, qui dépose pendant huit jours. Ce témoignage des accusés est encore une particularité du droit anglo-saxon[43].

Attitude des accusés [modifier]
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L’accusation [modifier]
Robert Jackson s'adressant à la cour.

Le 21 novembre, les accusés doivent décider s’ils plaident coupable ou non. Le juge Lawrence interroge les accusés un à un ; sous diverses formes, ils répondent toutes la même chose : non coupable. Puis le réquisitoire est fait par le procureur Jackson[44].

Le réquisitoire [modifier]

Celui-ci reprend les grandes lignes des crimes imputés aux accusés : avant guerre, la prise du pouvoir, la suppression des libertés, la persécution des églises, et les crimes contre les Juifs ; pendant le conflit, le meurtre de prisonniers et d’otages, le pillage d'œuvres d'art, le travail forcé...

Jackson place la guerre d’agression, et donc les crimes contre la paix, au centre de son réquisitoire et lui oppose « la civilisation », entité supranationale, imparfaite, mais qui demande aux juges de mettre le droit au service de la paix[45].

Le complot [modifier]

Le colonel Frank B. Wallis, procureur adjoint américain, présente les pièces concernant le premier chef d’accusation le 22 novembre. Celles-ci doivent prouver, selon lui :

* les objectifs du parti nazi, tels la conquête d'un Lebensraum (espace vital),
* les méthodes illégales employées par le parti nazi, illégales pour atteindre ses objectifs,
* les thèmes et méthodes de propagande utilisés pour l’accession au pouvoir,
* la prise de tout le pouvoir en Allemagne, l’écrasement de l’opposition et la préparation psychologique de la population à la guerre d’agression[46].

Wallis présente donc des pièces présentant les doctrines du parti nazi, le putsch manqué, la prise de pouvoir d’Hitler, les violations du traité de Versailles, la création des camps de concentration en 1933, la Nuit des Longs Couteaux, la persécution des Juifs, la reprise en main de l’éducation de la jeunesse. Pourtant, pour les juges, la définition du « complot » est trop vague. Selon le jugement, il n’y a eu complot que « s’il y a eu des plans particuliers de guerre »[47].

Le premier et principal document prouvant réellement le complot est le protocole Hossbach, présenté le 26 novembre[48]. Les notes prises par Hossbach lors d’une réunion entre Hitler et ses principaux ministres et commandants en chef, en 1937, prouvent qu’un conflit avec la France et l’Angleterre était prévu, avec, dans tous les cas de figure possibles, une annexion par l’Allemagne de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie.

Si trois des participants à la réunion sont présents sur le banc des accusés (Göring, Raeder et von Neurath), les autres accusés nient avoir entendu parlé de celle-ci. Les réactions que relève le psychologue Gilbert sont assez surprenantes : Fritzsche parle de « changer de position au sujet de l’acte d’accusation », bref de plaider coupable. Seul Göring trouve l’accusation tout à fait hors de propos : pour lui, les États-Unis se sont emparés de la Californie et du Texas en utilisant les méthodes qu’ils condamnent aujourd’hui[49].
Ewin Lahousen témoignant au procès du Haut Commandement militaire.

Les préparatifs de l'invasion de la Tchécoslovaquie, de la Pologne et de l’URSS sont également examinés le même jour. Le 22 août 1939, Hitler expose à ses plus proches fidèles pourquoi il faut écraser la Pologne. Le premier témoin de l’accusation, le général Erwin Lahousen, adjoint de l’amiral Wilhelm Canaris à l’Abwehr, raconte comment son organisation a reçu mission de fournir des équipements et papiers polonais à des soldats chargés d’attaquer la station de radio de Gleiwitz, casus belli utilisé par Hitler pour lancer l’offensive contre la Pologne. Le mémorandum du 2 mai 1941 concernant l’URSS, saisi dans les archives de l’OKW, explique que la poursuite de la guerre dépend des réserves de nourriture que les Allemands pourront soustraire à la Russie durant « la troisième année de guerre ». Ce mémorandum précise que, si les Allemands arrivent à leurs fins, il en « résultera la famine et la mort de millions de gens »[50]. Même l’entrée en guerre du Japon fit l’objet d’une conférence entre Hitler et l’ambassadeur du Japon, le 4 avril 1941, en présence de Ribbentrop[51].

Revenant en arrière le 29 novembre, l’accusation américaine, conduite par M. Alderman, reprend les évènements ayant conduit à l’Anschluss. Les pressions d’Hitler et des nazis autrichiens sur le président autrichien, Wilhelm Miklas, et son chancelier, Kurt von Schuschnigg, doivent conduire à la nomination au poste de chancelier de Seyss-Inquart. Dans la salle, la présence de Schuschnigg, à peine sorti de Dachau, étonne les journalistes[52] : l’ex-chancelier, dernier témoin direct des menaces d’Hitler à son encontre, n'est pas entendu. Par contre, Göring, Seyss-Inquart et Ribbentrop le sont : Alderman lit les retranscriptions téléphoniques de Göring[Note 3]. Tout d’abord, il lit les menaces que Seyss-Inquart est chargé de transmettre à Miklas le 11 mars 1938, qui ne débouchent sur aucun résultat, le président, malgré son acceptation de la démission de Schuschnigg, refusant de nommer Seyss-Inquart chancelier. À 20h, Miklas n’a toujours pas cédé; Göring donne lui-même le pouvoir à Seyss-Inquart, ainsi que l’assurance que ses troupes marchent sur Vienne. Après l’entée des troupes allemandes en Autriche, le 13 mars 1938, Göring appelle Ribbentrop : la lecture de l’enregistrement de leur conversation téléphonique entre Vienne et l’ambassade allemande de Londres donne une idée du triomphalisme des deux hommes. Ceux-ci, de manière tout à fait étrange, éclatent de rire à l’écoute de leur ancienne conversation[53].
Les accusés discutant entre deux audiences. De gauche à droite, Jodl, Hess, Seyss-Inquart, Frank, von Pappen,Frick et Speer.

Peut-être pour casser cette hilarité inopportune, un film sur les camps de concentration, montage de documents filmés par les autorités anglaises et américaines sur l’ouverture des camps, est projeté. Des extraits de ce film ont déjà été présentés aux détenus de Bad Mondorf ; peu le voient pour la première fois. Mais pour la Cour, les avocats et le reste de l’assistance, c’est une découverte. On a orienté un projecteur sur le banc des accusés : la lumière atténuée permet de bien voir les visages pendant que le reste de la salle est plongée dans le noir pour la projection ; cet éclairage n’empêche pas les inculpés de voir le documentaire. À la fin du film, les accusés, qui se sont agités de différentes façons durant la projection, sont apparemment profondément choqués. Hess est incrédule, Göring a perdu son aplomb, Frank s’effondre en sanglots. Streicher et Fritzsche se disputent : Fritzsche, qui n’avait pas vu le film, ne croit pas comme Streicher que les massacres n’aient eu lieu qu’à la fin de la guerre[54].

Les crimes contre la paix [modifier]
Pays signataires du pacte Briand-Kellogg.

Lord Shawcross présente les pièces, et tente de démontrer, après Jackson, que le droit n’est plus du côté de plus fort. Selon lui, ce procès ne repose pas sur des principes nouveaux. Dans son réquisitoire, il affirme que si déclencher la guerre est un crime, les individus à la base de cette décision sont responsables des actes qui s’ensuivent. Il contre les principales critiques du procès, à savoir qu'il s'agit d'une justice des vainqueurs et une juridiction rétroactive. Pour lui, la juridiction du procès, créée par la Charte et le Statut, l’a été en fonction de données préexistantes du droit international. Shawcross examine ensuite divers traités qui ont tenté d’opposer l’arbitrage des nations à la guerre[55].

Il retient pour son argumentation les textes de la 6e conférence panaméricaine de 1928, et celui du pacte Briand-Kellogg. Lors de la conférence, une résolution affirme : « La guerre d’agression constitue un crime contre l’espèce humaine […] toute agression est illicite et comme telle déclarée interdite ». Le pacte est un traité général de renonciation à la guerre, signé en 1939 par plus de soixante nations, dont l'Allemagne. Shawcross démontre ensuite qu'Hitler, dès son arrivée au pouvoir, ne respecte aucun des engagements internationaux pris par l’Allemagne, pour arriver à déclencher la guerre[56]. Le procureur évoque également les invasions de la Norvège, du Luxembourg, de la Belgique, des Pays-Bas et de la France.

Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité [modifier]

L’accusation française détaille ces crimes pour l’Europe occidentale ; l’accusation russe fait de même pour l’Europe orientale. Crimes de guerre et crimes contre l’humanité ne sont pas séparés dans les réquisitoired[57].

Si la majorité des crimes reprochés est prévue par la convention de Genève, un crime particulier, évoqué pour la première fois, y a été ajouté : le « Serment de fidélité et germanisation des territoires occupés »[58]. Tous les accusés ne sont pas inculpés de crimes de guerre : von Papen, Schacht, Schirach et Streicher y échappent.

L’Europe occidentale [modifier]

Le 17 janvier 1946, François de Menthon prend la parole pour l’accusation française. Il veut mettre en relation les crimes organisés, et la doctrine qui les a fait naître : le racisme. Il évoque les déportations dans le cadre du Service du travail obligatoire, le pillage économique, les crimes contre les personnes, rattachés selon lui à une politique d’extermination. Ces chiffres, surestimés, mentionnent la déportation de 250 000 Français, dont 35 000survivants. Enfin, les crimes contre les prisonniers de guerre, les résistants et les villes martyres closent son réquisitoire, après lequel il quitte Nuremberg[59].

Les procureurs français, Edgar Faure en tête, donnent ensuite la liste des pillages et spoliations, Göring y ayant une place toute particulière. L’énumération dure une semaine[60].

* Les crimes contre les personnes

Ceux-ci sont présentés le 24 janvier par Charles Dubost. Il présente les témoignages concernant les exécutions, recueillis par le Service des crimes de guerre, dépendant du ministère français de la Justice[61].
Francisco Boix, témoignant au tribunal militaire de Dachau.

Puis il fait appeler les témoins issus de la déportation : Maurice Lampe et Francisco Boix de Mauthausen, Marie-Claude Vaillant-Couturier d’Auschwitz-Birkenau. Celle-ci, en plus de son expérience de résistante et de déportée, apporte un témoignage direct sur l’élimination des Juifs dans les chambres à gaz[62]. Dubost l'interroge également sur son transfert à Ravensbrück. Le président Lawrence ayant demandé l’intérêt de parler d’un autre camp de concentration, Dubost différencie Auschwitz, camp d'extermination, et Ravensbrück, camp de travail. À Ravensbrück, les internées travaillaient jusqu’à ce que mort s’en suive ; à Auschwitz, elles étaient simplement exterminées. Mais le rôle d’Auschwitz dans l’éradication des Juifs n’apparaît pas alors dans le procès ; aucun Juif survivant ne sera d’ailleurs entendu[63]. Hans Marx, remplaçant l’avocat des SS absent, s’étonne d’abord de la bonne santé dont jouit apparemment le témoin après avoir traversé tant d’épreuves[64]. Puis il tente de contrer les chiffres apportés sur le massacre des Juifs de Hongrie. D’après le témoin, 700 000 d’entre eux ont été déportés à Auschwitz ; la Gestapo n’en recense que 350 000 d’après les indications du chef de service, Adolf Eichmann. Fritzsche se réjouit de la réponse de la rescapée : « Je ne veux pas discuter avec la Gestapo » ; il pense que Marx a aidé l’accusation en voulant contester les chiffres, même si le recensement de la Gestapo s'avèrera exact[65].

D’autres déportés, de camps différents (Buchenwald, Rawa Ruska, Dora) sont appelés à la barre. Le président Lawrence, lassé de ces répétitions, demande à Dubost de faire porter ces témoignages sur des aspects différents. Dubost explique qu’il a tenté de prouver que tous les camps étaient soumis au même régime, et qu’ainsi le même procédé appliqué implique la culpabilité des accusés. Mais cet argumentaire, sortant de ce que Faure appelle « la mécanique intellectuelle des juristes anglo-saxons », n’est pas pris en compte : pour le président, la preuve de l’utilisation d’un même régime à tous les camps n’a pas à être apportée[66].

* La germanisation

La germanisation est définie par Edgar Faure face au tribunal comme « l’imposition, aux habitants des territoires occupés, des normes de la vie sociale et politique, telle que les nazis les ont définies selon leur doctrine et pour leur avantage ». Faure présente deux documents relatifs à la germanisation des territoires occupés de l’Ouest : l’annexion du Luxembourg et de la Norvège au Reich, l’incorporation de l’Alsace et de la Moselle, et la création d’un état autonome breton sont mentionnées. Emil Reuter, président de la chambre des députés du Luxembourg, est ainsi entendu sur la germanisation de son pays ; Léon van der Essen, professeur à l’université de Louvain décrit le même procédé en Belgique, ainsi que les massacres dans les Ardennes lors de la contre-offensive de décembre 1944[67].
Jodl et Keitel déjeunant pendant leur détention.

* Nuit et brouillard

Constant Quatre, substitut du procureur, termine l’exposé de l’accusation française, en mettant en cause les accusés Keitel et Jodl. Les représailles collectives, exercées par l’armée allemande dans tous les pays occupés, ont été exprimées par l’application du décret « Nacht und Nebel », signé par Keitel le 7 décembre 1941. L’ouverture du front russe oblige à alléger les forces d’occupation dans chaque pays[Note 4],[68]. Pour maintenir l’ordre, les personnes coupables d’actes de résistance pourront être déportées en Allemagne, marquées par le signe « NN ». Keitel, face au psychologue Gilbert, regrette ce système, mais surtout se plaint qu’on lui reproche ce qui aurait été mis en place par Himmler. Keitel, « garçon de bureau en chef », n’avait d’après lui-même aucune fonction de commandement[69]. Quatre rend Jodl, quant à lui, responsable des massacres de villages, tels que ceux du territoire français : Maillé, Saint-Dié-des-Vosges, Vassieux-en-Vercors, Oradour-sur-Glane[70].

L’Europe orientale [modifier]
Le procureur soviétique Roman Rudenko

Le procureur Rudenko prend la parole le 8 février 1946, pour demander justice aux noms de tous les morts du peuple slave, victime d’« extermination de masse » selon lui. Il parle notamment des prisonniers russes, particulièrement victimes de ces sévices : sur 5 millions de prisonniers, 3 millions de morts par privations, fusillades, froid… Au camp de prisonniers de Sachsenhausen, les exécutions n’atteignent pas le niveau de ceux des camps d’extermination, mais « le but et la méthode sont les mêmes[71]».

Erwin Lahousen, l’adjoint de Canaris, avait le premier évoqué dans son témoignage la décision de l’extermination sélective des prisonniers de guerre soviétiques. La décision, prise à une conférence en juillet 1941, était d’une part de l’exécution de tous les commissaires politiques soviétiques, d’autre part l’exécution de tout bolchévique convaincu. Lahousen évoquera également l’action des Einsatzkommando de la SS, chargés du triage des prisonniers[72]. Mais le premier témoin appelé par l’accusation russe le 11 février est une surprise pour tous : c’est Friedrich Paulus.

Von Paulus, le vaincu et prisonnier de Stalingrad, l’auteur en août 1944 d’un appel au peuple allemand contre Hitler, vient témoigner contre Göring, Keitel et Jodl. Il implique ceux-ci dans les projets de guerre d’agression[73]. La réaction des accusés entraîne une suspension de séance : Göring hurle en plein tribunal à son avocat, demandant à von Paulus de rendre des comptes. Auprès de Gilbert, Keitel et Dönitz récriminent contre von Paulus. D’après eux, sa prise de position contre Hitler est une hypocrisie, et l’appel qu’il a lancé a causé nombre de défections, coûtant la vie à de nombreux civils[74].

L’accusation soviétique continue jusqu’au 13 février de parler des violations du droit de la guerre envers les prisonniers, par la voix du colonel Pokrovsky. Puis elle passe au massacre de Katyń.

* Katyn

Découverte du charnier de Katyn

Le massacre de Katyn a été inscrit à l’acte d’accusation sur la demande des Soviétiques, malgré une opposition des autres Alliés[75]. L’acte d’accusation fait donc mention des « 11 000 officiers polonais prisonniers de guerre […] tués dans la forêt de Katyn près de Smolensk[76] ». Le chiffre des 11 000 morts est une exagération : il correspond d’ailleurs, coïncidence troublante, au nombre d’officiers polonais disparus en URSS lors de l’occupation de la Pologne entre 1940 et 1941. Deux commissions d’enquête, l’une internationale demandée par les Allemands début 1943, l’autre soviétique fin 1943, avaient abouti à des conclusions contraires : pour la première, les crimes remontant à 1940 ont forcément été commis par les Soviétiques[77]. Pour la seconde, les crimes ont été commis en 1941, par les Allemands[75].

Pour Pokrovsky, seule la soviétique a établi les bonnes conclusions : il les lit donc au procès. Elles révèlent :

* l’utilisation de prisonniers de guerre polonais des camps de Smolensk pour la construction de chemin de fer ;
* l’exécution de ces prisonniers par les Allemands en 1941 ;
* la tentative d’intoxication sur la responsabilité des crimes, en essayant d’en rendre les Soviétiques responsables, et ainsi envenimer les relations russo-polonaises ;
* l’utilisation de menaces, corruption et tortures pour faire témoigner des citoyens russes de la responsabilité soviétique dans le massacre ;
* l’apport de cadavres polonais, par l’armée allemande, afin de grossir artificiellement le charnier de Katyn et de faire disparaître leurs crimes ;
* l’utilisation, pour les enterrements, de prisonniers de guerre russes qui seront fusillés plus tard ;
* la méthode utilisée (une balle dans la nuque), la même que celle utilisée par les Allemands pour l’exécution de citoyens soviétiques ;
* la date de l’exécution : octobre 1941[78].

Stahmer, avocat de Göring, veut réfuter cette accusation. Il demande de pouvoir faire témoigner des membres du bataillon accusé par les Soviétiques d’avoir commis le massacre, notamment ses officiers Oberhaüser et Hott, nommément impliqués par la commission d’enquête soviétique. Devant le refus et les protestations de l’accusation soviétique, Stahmer demande à interroger un membre de la commission d’enquête internationale mise en place par les Allemands : le professeur François Naville, professeur de médecine légale à Genève[79].

Pokrovsky menace alors le tribunal, à mots couverts, de faire comparaître de nouveaux témoins, d’exhiber de nouvelles pièces à conviction, retardant ainsi les débats et faisant perdre du temps au tribunal. Les témoins demandés par Stahmer ne seront pas entendus[80]. Toutefois, le 1er juillet, le colonel Friedrich Ahrens dépose : il n’a pas reçu d’ordre de fusiller les prisonniers polonais, et ce sont ses soldats qui ont découvert une croix dans la forêt en 1941. Ce n’est qu’au début 1943 qu’il aurait découvert les corps, dans ce qu’il aurait pris pour une sépulture de combattants ; les preuves trouvées par la commission internationale montrent que le massacre eut lieu en 1940. Le contre-interrogatoire soviétique ne donne rien ; les deux autres témoins de la défense confirmeront ce que dit Ahrens[81].

Les témoins de l’accusation, eux aussi, sont sans équivoque. L’un des membres de la commission soviétique et l’ancien maire de Smolensk sous l’occupation allemande vont dans le sens de l’accusation. Quant au troisième témoin de l’accusation, c’est le professeur Markov, bulgare, et surtout ancien membre de la commission d’enquête internationale. Arrêté à Sofia par le gouvernement prosoviétique, il vient de passer plusieurs mois en prison comme « ennemi du peuple ». Il témoigne également dans le sens de l’accusation[82].

La culpabilité, dans un sens comme dans l’autre, ne peut être démontrée. Katyn ne sera pas citée dans le jugement.

La mer [modifier]
Pétrolier allié torpillé dans l'Atlantique.

Deux amiraux sont sur le banc des accusés : Raeder et Dönitz. Ils ont pour avocat Otto Kranzbühler, grand spécialiste de la loi maritime. Ce sont des militaires, comme Jodl et Keitel, mais ils bénéficient d’une plus grande sympathie que ces derniers de la part de leurs équivalents alliés[81]. Le premier fut commandant en chef de la Kriegsmarine jusqu’en 1943 ; le second, avant de lui succéder, fut le grand ordonnateur de la guerre sous-marine allemande.

Les amiraux sont accusés d’avoir fait coulé des navires marchands alliés ou neutres, et d’avoir donné l’ordre de ne pas en secourir l’équipage, voire de les détruire. Ces faits, qui sont présentés par l’accusation britannique, sont nuancés selon les circonstances : certains sous-marins alliés (tel le Laconia) virent leurs équipages sauvés par l’ennemi après que leur bâtiment fut coulé[83]. Kranzbühler veut prouver que ses clients ne furent pas seuls à avoir donné ces ordres, et que les Alliés pourraient tout à fait répondre des mêmes accusations. Il veut, pour prouver ce qu’il avance, faire témoigner l’amiral Chester Nimitz, grand amiral de la Flotte des États-Unis. Le procureur Maxwell-Fyfe s’y oppose : l’avocat ne peut démontrer que les Alliés ont commis les mêmes crimes que ses clients, car le Statut du tribunal l’interdit[83]. Kranzbühler réplique qu’il ne s’agit pas de cela, mais de montrer que l’interprétation du droit international fut la même pour tous les belligérants ; il ne peut donc y avoir crime, d’un côté comme de l’autre[84]. Le juge américain Biddle accepte la requête. Le 2 juillet, les questions et les réponses de l’interrogatoire de Nimitz sont lues à la cour. Nimitz confirme point par point qu’il a donné les même ordres que ceux reprochés à Dönitz et Raeder[85]. De plus, 67 commandants de sous-marins en détention signeront une pétition collective contestant l'accusation d'avoir abattu les naufragés et la feront parvenir à Nuremberg[86].

Le génocide juif [modifier]

Si les crimes perpétrés contre les Juifs sont présentés dès le réquisitoire de Jackson[87], et inclus dans les crimes contre l’humanité, aucun des procureurs en particulier ne sera chargé de leur présentation. La qualification du génocide ne s'est faite qu'après coup[Note 5]. Chacun à leur tour, les procureurs américains, français, russes prendront la parole afin de présenter ces crimes.

Les crimes contre l'humanité et la Shoah sont abordés pour la première fois le 29 novembre 1945, lors de la projection d'un documentaire reprenant les images tournées lors de la libération des camps de concentration et d'extermination par les troupes alliées[88]. Ce film fait forte impression sur toutes les personnes présentes, y compris sur les accusés.

« Crispés, égarés, incrédules ou rompus, dix visages, et derrière ceux-là, dix autres encore, fantastiques rangées émergeant des ténèbres, se tendaient comme magnétisés vers le mur du fond. [...] Alors Göring, vice-roi du IIe Reich, serra ses mâchoires livides à les rompre. Le commandant en chef Keitel [...] se couvrit les yeux d'une main tremblante. Un rictus de peur abjecte déforma les traits de Streicher [...] Ribbentrop humecta de sa langue ses lèvres déssechées. Une sombre rougeur couvrit les joues de von Papen [...] Frank, qui avait décimé la Pologne, s'effondra en sanglots. »
— Joseph Kessel[89].

Otto Ohlendorf et Heinz Jost au procès des Einsatzgruppen à Nuremberg

Le 3 janvier 1946, l’accusation américaine fait paraître deux témoins : Otto Ohlendorf et Dieter Wisliceny. Ohlendorf, ancien chef de l’Einsatzgruppe D, va expliquer les activités des Einsatzgruppe, détachements de la Sipo, sur le front Est. Leurs subdivisions, les Einsatzkommandos, étaient affectés aux unités de chaque armée, et chargés de l’élimination des Juifs et des commissaires politiques soviétiques. Sur ces éliminations, Himmler avait déclaré aux chefs des Einsatzkommando et Einsatzgruppe que leur responsabilité ne serait pas engagée, et que le Führer et lui-même subiraient seuls les conséquences de ces actes[90]. Ohlendorf éclaire également le tribunal sur les liens étroits entre ces groupes et l’armée régulière, concernant notamment la XIème armée auprès de laquelle son groupe était détaché. Interrogé sur le nombre de ses victimes, Ohlendorf estime que l’Einsatzgruppe D a fait, entre juin 1941 et juin 1942, 90 000 victimes, femmes et enfants compris[91]. Si tous les Juifs au départ étaient fusillés, on ne fusilla bientôt plus que les hommes, éliminant femmes et enfants dans les fourgons à gaz.

Dieter Wisliceny, membre du SD depuis 1934 et proche d’Adolf Eichmann, explique comment ce dernier s’est occupé de la « question juive » pour le RHSA : émigration, concentration, extermination. Le témoin raconte comment Eichmann, sous les ordres directs d’Himmler et d’Hitler, faisait disparaître les Juifs. D’après les estimations à la fois d’Eichmann et de Wisliceny, quatre à cinq millions de Juifs ont été exterminés grâce au travail d’Eichmann[92]. Celui-ci, alors introuvable et supposé mort, acquiert dès lors une renommée importante, alors qu’il était presque inconnu avant le procès. Eichmann, détenu sous une fausse identité par les Américains, s’évade après avoir pris connaissance de son implication dans le procès[93]. Il ne sera repris et jugé qu’en 1960, à Jérusalem.
Rudolf Höß à la barre.

Ces deux témoignages accablants sont suivis et copmlétés par celui de Rudolf Höß, premier commandant du camp de concentration et d'extermination d’Auschwitz. Il dépose devant le tribunal le matin du 15 avril 1946, après avoir fait deux déclarations à Minden, les 14 mars et 5 avril. Il est en fait appelé par la défense, précisément Me Kauffmann, l’avocat de Kaltenbrunner, qui veut dissocier son client de la solution finale. Höss explique alors comment Himmler lui transmit les ordres du Führer, qui étaient que la SS devait éradiquer le peuple juif, et qu’Auschwitz était l’endroit le plus propice pour ce faire[94]. Mais Höss ne fait pas de différence entre le camp de concentration d’Auschwitz, existant depuis 1940, et le camp d’extermination de Birkenau construit à partir de 1941; il ne fait pas de distinction dans son témoignage entre les camps créés avant et après la guerre.

Durant sa déposition, Höss va expliquer la construction de Birkenau, les méthodes de gazage par le zyklon B, et estime à 2 500 000[Note 6] personnes mises à mort dans les chambres à gaz du complexe[95]. Il met en cause Himmler et Eichmann, qui savaient tous deux ce qui se passait à Auschwitz et qui l’avaient visité, tout en écartant l’idée que Kaltenbrunner aie reçu des ordres lui demandant de tuer les internés de Dachau et de deux autres camps à la bombe ou au poison[96].

Durant le déjeuner qui suit, Dönitz et Göring dénoncent le fait qu’Höss ne soit pas un Prussien, comme eux, mais un Allemand du Sud ; un Prussien n’aurait jamais commis ces actes. Frank confie à Gilbert que c’est « le moment honteux de tout le procès. […] C’est là quelque chose dont on parlera dans mille ans ». Rosenberg, qui doit déposer l’après-midi, déclare qu’il aurait du mal à défendre sa philosophie après ce témoignage[97].
Schacht témoignant.

Les réactions des accusés auprès de Gilbert sont sans équivoques : Schacht déclare qu’il n’aurait jamais pu faire, comme Ohlendorf, assassiner 90 000 personnes, qu’il aurait résisté[93]. Ribbentrop reconnaît que « notre culpabilité comme Allemands dans les atrocités et les persécutions des Juifs est si énorme qu’on en reste muet : il n’existe aucun moyen de défense, aucune explication ». Göring, quand à lui, évoque le Führerstaat, l’état dirigé par un seul chef, auquel chacun obéissait aveuglément ; il affirme qu’aucun d’entre eux ne peut être tenu pour responsable de ce que Hitler, Himmler, Bormann, Goebbels et Heydrich ont mis en place[98].

Lorsqu’Edgar Faure présente les crimes contre l’humanité dans l’Europe occidentale, il bénéficie de l’aide apportée par le Centre de documentation juive contemporaine ; Léon Poliakov, qui y travaille, a ainsi rassemblé « une manne de documents inédits » concernant la persécution des Juifs de France[99]. Ainsi, Faure, dans sa présentation, va montrer que tous les organismes du IIIème Reich ont participé à ces crimes. Mieux, il démontre que « il existe, dans tout service étatique hiérarchisé, un circuit continu de l’autorité, qui est en même temps un circuit continu de la responsabilité[100] ». Au temps pour ceux qui, comme Göring, voudraient que le Führerstaat les aient dédouanés de toute responsabilité personnelle. Faure explique que le pouvoir, par son action législative, et la police, par son action exécutrice, ont contribué à séparer les Juifs des populations d’ensemble, afin de les éliminer ensuite après avoir préparé psychologiquement les populations aux persécutions et à leur justesse. Il citera notamment un télégramme d’un futur inculpé, Klaus Barbie, sur la déportation des enfants d’Izieu[101]. Son exposé se fonde uniquement sur les documents allemands : il n’appellera à la barre aucune victime.

Faure va mettre en cause, dans sa présentation, l’État Français, et recenser dans sa présentation les lois antijuives créées et appliquées par le régime de Vichy. Il évoque notamment la création du Commissariat général aux questions juives, ainsi que la demande de Pierre Laval, alors président du conseil, de faire déporter les enfants juifs de moins de 16 ans[102]. La majorité des Juifs de France sera déportée à Auschwitz, déjà décrit par Marie-Claude Vaillant Couturier. Mais le rôle d’Auschwitz dans le génocide ne sera mis en évidence que lors du témoignage de Rudolf Höss.
Hans Frank durant sa détention

Les ghettos de l’Est, leur organisation, leur évacuation, et l’élimination de leurs populations à Chełmno, Belzec, Treblinka, Sobibor et d’autres, sont le dernier aspect du génocide présenté au procès. L’évacuation en deux temps (300 000 en juillet 1942, les 60 000 restants en avril 1943) de celui de Varsovie, notamment, est le sujet d’une série de documents qui sont présentés au tribunal. Après la première évacuation, le « quartier juif » a été transformé en camp de travail pour les juifs restants ; deux petites organisations de défense vont transformer la deuxième évacuation en véritable bataille, que le général Stroop, responsable de l’opération, présentera comme un succès complet dans son rapport, complété d’une série de photographies[103]. Ce rapport est l’un des piliers de la présentation de la liquidation des ghettos ; l’autre est le journal intime de Frank, remis volontairement par l’accusé et déposé à Nuremberg. Ce journal accable le prévenu, qui avoue le 18 avril que « mille années passeront et cette faute de l’Allemagne ne sera toujours pas effacée… [104]»

A l’exception de Frank, tous les autres accusés se déclarent ignorants des persécutions. Ils déplorent les exactions, mais il s’agissait pour eux d’une politique d’émigration, et non d’extermination. Le Dr Thoma, avocat de Rosenberg, essaya même de défendre le point de vue doctrinal de son client, ignorant selon lui de l’extermination : le rendre responsable des persécutions serait « rendre Rousseau et Mirabeau responsables des atrocités commises plus tard par la Révolution française[105] ».

Les organisations [modifier]

Malgré les articles 9 et 10 des accords de Londres, la mise en accusation des organisations présente deux problèmes. Ces organisations sont fort hétérogènes : aucune ne ressemble aux autres, ni par la taille, ni par le fonctionnement, et elles ont peu ou pas de lien entre elles, ce qui implique que leurs cas doivent être examinés séparément. De plus, le tribunal se refuse à prononcer des condamnations impliquant une responsabilité collective, quelle qu’elle soit[106]. Aussi, les 28 février et 1er mars 1946, les juges demandent à entendre le point de vue de l’accusation et de la défense sur les articles problématiques. Les juges décident finalement de permettre à la défense de rechercher ses témoins dans les camps de prisonniers, et demandent à une commission d’examiner les témoignages recueillis. Cette commission fut bientôt submergée par les réponses : 136 213 attestations en faveur des SS, 38 000 (signées par 155 000 personnes) en faveur des chefs politiques et 22 000 pour les autres groupes furent ainsi dénombrées. C’est le 30 juillet, à la fin du procès, que sont examinés les cas des organisations : la défense parlera et présentera ses témoins, l’accusation répondra[107].

* Le corps des chefs politiques du parti nazi

Le Dr. Servatius, choisi comme avocat par Sauckel, est aussi l’avocat de cette organisation. Il prend la parole le 30 juillet. Tout en présentant l’organisation pyramidale du parti nazi et démontrant la disparité des situations selon les régions, il fait appel à des témoins représentatif de chaque grade, montrant ainsi la répartition de la responsabilité selon le poste. Le 22août, dans sa plaidoirie, il montre que la plupart des accusations ne relèvent pas de la compétence du tribunal, n’étant pas des crimes de guerre. Comme les autres avocats le feront ensuite, il remet en cause la validité d’une condamnation pour « affiliation ». L’accusation a estimé à 600 000 le nombre de responsables du parti ; Servatius, sans exonérer les grands chefs de leur responsabilité, met en doute la responsabilité de la totalité de ces responsables[108].

* La SS

Le Dr. Pelckmann, avocat de la SS, a affaire à une tâche quasiment insurmontable, à ce moment du procès. Il fait appel à un témoin qui a été désigné par Himmler pour enquêter sur une affaire de corruption au sein d’un camp de concentration, le juriste Morgen. Celui-ci a visité au cours de son enquête, en 1942, plusieurs de ces camps, et témoigne de l’excellente tenue de ces camps, avec pelouses et fleurs, de l’alimentation normale des détenus, des concours sportifs, séances de cinéma, music-hall, bibliothèque[109]… Cette description est en partie exacte en 1942, pour les camps de la première génération tel Dachau et Buchenwald : les conditions de vie sont supportables, ces lieux ne sont pas faits pour exterminer. Morgen témoigne enfin qu’ayant appris l’existence d’un autre genre de camp à Lublin, il s’y rendra et s’entretiendra avec son commandant, Christian Wirth. Or celui-ci, ainsi que tous ceux qui commandent en 1942 les premiers « camps de la mort » (Chelmno, Belzec, Sobibor) ne sont pas des SS : ils viennent du programme d’euthanasie des années 1940-1941, et font partie de la chancellerie du Reich[110]. Morgen met également en lumière la différence entre les camps d’extermination et les camps de concentration. Mais c’est la fin du procès : cette différence ne sera pas ressentie[111].

* La Gestapo

L’avocat Merkel a une tâche tout aussi difficile que Pelckmann. Le seul résultat de son travail sera de prouver qu’une fraction des employés de la Gestapo ne sont que des employés de bureau, et qu’il serait injuste de les comprendre dans le reste de l’organisation[112].

* La SA

Les Dr Georg Böhm et Martin Löffer ont beaucoup moins de problèmes avec leurs clients : Hitler s’étant chargé lui-même de l’épuration des responsables de la SA lors de la Nuit des Longs Couteaux, les avocats n’ont plus qu’à montrer qu’aucun membre de la SA n’a de responsabilité autre que les associations sportives et paramilitaires[112].

* L’armée

Telford Taylor s'adresse à la cour.

Les deux organisations militaires sont défendues par le même avocat : le Dr Hans Latersner. Celui-ci oriente sa démonstration vers les actes de résistance de l’armée allemande au pouvoir hitlérien, notamment l’attentat du 20 juillet 1944. Il évoque les conjurés, notamment l’amiral Canaris, et appelle trois maréchaux écartés par le pouvoir : Walther von Brauchitsch, commandant de l’armée de 1938 à 1941, Gerd von Rundstedt, et Erich von Manstein. Von Manstein, dans son témoignage, dit ignorer les atrocités commises par l’armée en Russie, ainsi que l’extermination des Juifs par les SS. Mais dans le cas des atrocités des militaires, Ohlendorf avait cité les opérations effectuées dans l’armée de Manstein. Quant au sort des juifs, Telford Taylor va ressortir un document signé de la main du maréchal : il appelle ses soldats à l’extermination du système judéo-bolchevique et à la punition des Juifs. Aussi son témoignage perd-il beaucoup de sa crédibilité[113].

La défense [modifier]

Les avocats des accusés ont deux axes possibles pour défendre leurs clients. Tout d’abord, procédure anglo-saxonne oblige, ils peuvent faire déposer leurs clients sous serment. Mais ils peuvent également présenter des documents au tribunal. Là, celui-ci met certaines conditions à l’acceptation des pièces présentées.

Tout d’abord, toutes les pièces sont examinées à huis clos par le tribunal ; le président choisit celles qu’il admet et celles qu’il n’admet pas. De plus, certains sujets ne doivent pas être abordés dans l’enceinte : ni la remise en cause du traité de Versailles, ni l’entrée en guerre de l’URSS ne sont évoqués. Est tabou également la comparaison avec les Alliés (le tu quoque) : les avocats n’ont pas le droit de montrer que les vainqueurs ont pu commettre certaines actions criminelles semblables à celles des accusés (bombardements de population civile notamment).

Hermann Göring [modifier]
Goering durant le procès.

Appelé à la barre pour sa déposition, Göring y restera huit jours, interrogé par son avocat Otto Sahmer, puis par Jackson. Durant six heures, Göring décrivit dans un dernier discours de propagande l’histoire du national-socialisme. Il séduisit l’auditoire avec l’intelligence cartésienne et le charme qu’il avait retrouvé après sa cure de désintoxication. En affrontant Robert Jackson, et surtout en remportant en partie le duel, aux yeux du public et de la presse, Göring a retrouvé une bonne partie de sa combativité[114].

Rudolf Hess [modifier]
Hess durant son emprisonnement

L’avocat de Hess, Günther von Rohrscheidt, dépose une requête le 30 novembre : il pense que son client est incapable de se défendre, à cause de son amnésie. Plusieurs psychiatres, des quatre nations alliées, passent à la barre pour donner leur avis sur l’incapacité de l’accusé. Seuls les experts médicaux soviétiques affirment qu’Hess est tout à fait normal, et qu’il simule. Les autres, sans le déclarer fou, pensent qu’il ne peut se défendre normalement. Lawrence donne alors la parole à Hess : celui-ci déclare que son amnésie était une tactique, et que seule sa concentration laisse à désirer. Il sera donc déclaré apte à se défendre, et la séance est levée[115]. Pourtant, après avoir changé d’avocat et engagé Alfred Seidl, qui défend aussi Franck, il décide de ne pas se présenter à la barre, alors qu’il doit succéder à Göring comme témoin le 25 mars 1946. D’après le psychologue Gilbert, sa mémoire est réellement défaillante[116].

Albert Speer [modifier]

L'accusé du procès le plus marquant après Göring est sans conteste Albert Speer, Il sera le seul à faire son autocritique et gagnera la clémence du tribunal. Son interrogatoire surprit la presse et l'ensemble du tribunal : jusqu'ici, tous les accusés avaient suivi les pas de Göring sans remettre en question le régime et Hitler. Speer lui assuma sa responsabilité.

Les procureurs lui reprochaient d'avoir exploité la main d'œuvre pendant ses fonctions de ministre de l'armement et de la production de guerre. Quand on lui demanda s'il souhaitait limiter sa responsabilité à son domaine technique, il refusa et déclara qu'il devait assumer d'autant plus que les autres accusés se dérobaient et que le chef du gouvernement allemand s'y était soustrait devant le monde entier et le peuple allemand [117].

Contre-attaques [modifier]

En ce qui concerne les crimes contre la paix, développés par Lord Shawcross, des points nébuleux avaient été laissés à l’écart : l’attitude conciliante des démocraties envers les violations des traités par Hitler[118], et la guerre d’agression à laquelle a participé un des Alliés : l’invasion de la Pologne par l’URSS.

Attitude des démocraties [modifier]

Le premier « problème » sera rapidement brandi par la défense, par les avocats de Schacht et de von Neurath notamment. Celui de Schacht rappelle notamment les visites amicales des Britanniques à Berlin, après l’une des violations du traité de Versailles qui avait donné lieu à des réprimandes de pures formes. Il insiste sur le fait que les violations du traité n’ont donné lieu à aucune condamnation, et que des pactes, modifiant ses dispositions fondamentales, ont été conclu entre les anciens belligérants (comme le pacte maritime avec la Grande-Bretagne)[119]. Il va jusqu’à citer Churchill :

« Nous ne pouvons dire si Hitler sera l’homme qui déchaînera une nouvelle guerre mondiale, dans laquelle la civilisation sombrera irrémédiablement, ou s’il passera dans l’Histoire comme l’homme qui a rétabli l’honneur et le sens de la paix dans la grande nation allemande[…][120]. »

De même, les Alliés de la Première Guerre mondiale ne réagirent pas à l'Anschluss, pourtant prohibée dans les traités de Versailles et de Saint-Germain-en-Laye, qui stipulaient qu'une union austro-allemande ne pouvait se faire sans l'accord de la SDN (la France s'était d'ailleurs opposée en 1931 au projet d'union douanière entre l'Allemagne et l'Autriche).

L’avocat de von Neurath va plus loin, accusant le gouvernement français d’alors d’avoir voulu encercler l’Allemagne, en signant un projet d’assistance avec l’URSS (proposé par…Laval). Il précise également que l’opinion publique française ne voulut pas du projet, y voyant plus de risques de guerre que de possibilités de paix[121]. Ces avocats vont démontrer que les gouvernements anglais et français ont cédé face à Hitler, sur toutes ses exigences ; c’est, dit Casamayor, « l’accablement d’une paix évitée » qui pèse sur l’assistance. Les révélations de Keitel démontreront de même que l’inaction des troupes françaises et anglaises durant la campagne de Pologne a pesé sur son issue : face à eux, il n’y avait selon le maréchal « qu’un faible écran de troupes allemandes, et non une véritable défense[122] ». Ce qui ressort de ces révélations, d’après Casamayor, c’est que les démocraties occidentales voulait se servir du nazisme comme d’une protection contre l’URSS[123].

Attitude de l’URSS [modifier]
Carte contenue dans le protocole secret, signée par Ribbentrop et Staline.

D’après les avocats de la défense, si l’accusation de « complot » est retenue, elle doit l’être contre l’URSS également. Entre août 1939 et juin 1941, le pacte de non agression signé par Ribbentrop et Staline entretient une certaine complicité entre les deux futurs belligérants. Le pacte a été rendu public, et fait partie des pièces du procès, mais son protocole secret, qui prévoit l’attaque de la Pologne par l’URSS, n’est pas encore dévoilé. C’est le 25 mars 1946 que l’avocat de Hess, Afred Seidl, expose le protocole et son contenu. Il dépose, en pleine séance, un affidavit du chef des services juridiques des Affaires étrangères, qui rédigea le pacte en son entièreté. Le juge Lawrence l’arrête : ce texte ne fait pas partie des pièces concernant Hess, la Cour ne l’a pas examinée. Seidl explique que ce texte n’est en sa possession que depuis peu. Lawrence demande alors aux procureurs s’ils ont des objections à l’utilisation du texte[124].

Le procureur soviétique s’oppose à cette utilisation : comme prévu par le Statut, il doit pouvoir examiner le texte avant de donner son accord, et annonce qu’il ne le connaît pas. Seidl demande alors la comparution de Molotov, afin d’authentifier le document. Le président l’interrompt définitivement. Pourtant, le protocole secret réapparaît lors de l’interrogatoire de la secrétaire de Ribbentrop, témoin de la défense, le 28 mars. L’avocat de Ribbentrop lui fait exprimer sa connaissance d’un pacte secret. Encore une fois, Rudenko s’oppose à la mention de ce pacte : le témoin n’est qualifié que sur les questions de personnalité de l’accusé, et incompétent en politique étrangère. Le président du tribunal, notant que c’est la deuxième fois que les clauses secrètes du pacte sont évoquées, demande à Seidl s’il possède ou non une copie de celui-ci. En dehors de l’affidavit, l’avocat n’a rien : pour lui, les deux copies existantes du pacte sont à Moscou. L’une y est depuis la signature ; l’autre a été récupérée par l’Armée rouge dans les archives du ministère de Ribbentrop[125].

Le tribunal se retire pour statuer sur la recevabilité de ces questions. Les accusés se réjouissent face à cet embarras. Lorsque la Cour revient, Lawrence déclare que les questions concernant l’accord sont recevables. Ribbentrop, appelé à la barre, confirme le 28 mars et le 1er avril, le contenu de l’accord : le partage de la Pologne avait été préparé par Hitler et Staline de concert. Même si la plaidoirie de Seidl, lue le 25 juillet 1947, est censurée par le tribunal dans les parties mettant en cause le rôle de l’URSS, la preuve est faite de la complicité de celle-ci dans la guerre d’agression. Le jugement du procès ne l’évoquera pourtant pas[126].

Attente du verdict [modifier]
Ribbentrop au procès

Le 31 août 1946, les accusés font leurs dernières déclarations. Seul Göring s’exprime avec un peu d’emphase : il déclare, « devant Dieu et le peuple allemand », son innocence, et affirme avoir été guidé par son seul patriotisme. Les autres accusés suivront finalement la même ligne de conduite : Chacun a fait son devoir, et rien de plus. Des crimes qui ont été exposés durant le procès, aucun n’assume la responsabilité[127].

Devant Gilbert, Göring reconnaît néanmoins que Hitler a perdu la guerre des idées : « Quand les Allemands apprendront tout ce qui a été révélé à ce procès, il ne sera pas nécessaire de le condamner ; il s’est condamné lui-même[128] . » Von Ribbentrop demande à Gilbert d’intercéder pour qu’ils soient acquittés, afin qu’il puisse écrire le livre des erreurs du nazisme. Raeder espère une condamnation à mort plutôt que la prison à vie ; la plupart des autres détenus sont apathiques. Keitel est déprimé, et refuse de voir sa femme. Il ne va toutefois pas perdre son temps à partir du 1er septembre : il va écrire ses Mémoires sur la période 1933-1945. Il finira cet incroyable travail de concentration le 10 octobre[129].

Délibérations [modifier]

Des huit juges (quatre titulaires et quatre suppléants), seuls les titulaires ont un droit de vote lors des délibérations, même si dans les discussions les suppléants sont écoutés de façon équitable. Les articles 4 et 29 du Statut précisent les modalités des prises de décisions, et du mode d’exécution des peines. Les prises de décisions se font à la majorité des votants, et en cas de partage égal des voix, celle du président (Lawrence) sera prépondérante. Pour l’exécution des peines, seul le Conseil de contrôle pour l’Allemagne pourra les exécuter, voire les modifier ou de les réduire. Le Tribunal n’aura pas de droit de regard sur ce point, contrairement à ce que voudrait Donnedieu de Vabres[130].

La première réunion a lieu le 27 juin 1946, avant la fin du procès, et 22 autres réunions suivront jusqu’à l’énoncé du verdict. Huit de ces réunions auront pour objet les questions juridiques et leur interprétation : l’une des principales est suscitée par Donnedieu de Vabres, qui remet en cause, par la présentation d’un mémorandum, l’accusation de « complot ». Pour lui, cette accusation est inconnue dans le droit autant international que continental. Mais pour les autres juges, cette discussion est oiseuse ; les Américains pensent que si le « complot » est écarté, les « crimes contre la paix » doivent l’être également. Le juge français s’incline, mais ne votera pour aucune condamnation de complot[131].

Autre question : comment exécuter les condamnés à mort ? Par pendaison, mort humiliante, ou par fusillade, la « mort du soldat » ? Si le juge soviétique est pour la première solution, le français propose que certains soient fusillés, par exemple les militaires, et que les autres soient pendus. Cette décision sera prise à la fin des délibérations sur les individus : alors que les Français souhaitent que Keitel et Jodl soient fusillés, Biddle ne plaide dans ce sens que pour Jodl. Finalement, la décision sera prise le 10 septembre : tous les condamnés seront pendus[132].

La plupart des condamnations font l'objet de discussions entre les quatre juges :

* Göring est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation par l’ensemble des juges (sauf pour complot par Donnedieu de Vabres). Le juge français vote la fusillade, les trois autres la pendaison.
* Rudolf Hess est condamné à la prison à vie, après de longues tractations : le Russe désirait la peine de mort, le Français 20 ans de prison, l’Américain et l’Anglais la prison à vie. Finalement, le juge russe changea de position, mais obtint toutefois que Hess soit inculpé des chefs d’accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il ne sera pas toutefois condamné pour ceux-ci.
* Von Ribbentrop, Keitel, Jodl et Rosenberg ont le même traitement que Göring : coupables sur l’ensemble des chefs d’accusation, et condamnés à mort. Là encore, Donnedieu de Vabres vote seul pour la fusillade de Keitel, pour la prison à vie à l’encontre de Rosenberg et de Jodl.
* Kaltenbrunner et Frank sont reconnus coupables des deux derniers chefs d’accusation, mais pas du premier. Ils sont condamnés à mort ; Donnedieu de Vabres demande la prison à vie pour Frank.
* Streicher est condamné à mort sans discussion.
* Funk, malgré l’opposition du juge russe qui souhaite la mort, est condamné à la prison à vie, après avoir été reconnu coupable de trois des chefs d’accusation.
* Speer est reconnu coupable des deux derniers chefs d’accusation, mais sa condamnation est l’objet de débats : Biddle et Nikitchenko votent la mort, Donnedieu de Vabres et Lawrence plaident pour 10 ans de prison. Biddle les rejoint sur 20 ans de prison.
* Von Neurath est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation, et est condamné à 15 ans de prison.
* Seyss-Inquart est reconnu coupable des trois derniers chefs d’accusation et condamné à mort.
* Schacht est un cas qui provoque un débat très contrasté : Lawrence souhaite l’acquittement, Donnedieu de Vabres 5 ans de prison, Biddle la prison à vie et Nikitchenko la mort. Suite aux acquittements de von Papen et de Fritzsche, par trois voix contre le juge soviétique, le juge français, suivi du juge américain, optent pour l’acquittement de Schacht.
* Dônitz est défendu par le juge américain, qui ne veut pas qu’il soit condamné pour des actes que l’amiral Nimitz a lui-même ordonné. Mais les Britanniques, depuis l’arrivée au pouvoir des travaillistes, sont désormais plus enclins à condamner des militaires. Lawrence et Nikitchenko sont d’accord sur 10 ans de prison, et sont rejoints par Donnedieu de Vabres. Tous sont par contre d’accord pour que la peine de Dönitz soit moins importante que celle de son prédécesseur, Raeder.
* Raeder est condamné pour les trois premiers chefs d’accusation, alors que Dönitz a été acquitté pour l’accusation de complot. Donnedieu de Vabres demande 20 ans, Lawrence et Biddle la prison à vie, Nikitchenko la mort. Ce sera la prison à vie.
* Baldur von Schirach est reconnu coupable pour crimes contre l’humanité. Biddle et Donnedieu de Vabres demandent 20 ans, Lawrence et Nikitchenko la mort. La prison à vie sera choisie comme compromis[133].

Le verdict [modifier]

Les 30 septembre et 1er octobre 1946, presque un an après la première réunion du Tribunal, est lu le jugement. Durant la journée du 30, la description du nazisme, de ses crimes, des preuves contre les accusés ainsi que le jugement concernant les organisations. Le matin du 1er octobre, la culpabilité de chaque accusé est exprimée. Après le déjeuner, les peines sont prononcées[134].

Lawrence prend la parole pour lire le jugement ; au bout de trois quarts d’heure, il passe la parole à un autre juge. Le jugement commence par un long préambule, chiffrant notamment le nombre d’audiences publies (403), le nombre de témoins à charge et à décharge des accusés (94), le nombre de dépositions écrites signées en faveur des organisations (près de 200 000), etc.

A propos du principe de non-rétroactivité, le jugement déclare, en ce qui concerne les crimes contre la paix, que d’une part la non-rétroactivité n’est pas une règle de droit international, que d’autre part les accusés ne peuvent prétendre qu’ils ignoraient l’illégalité de leurs actions. Enfin, l’état de nécessité justifierait (si besoin était) que le Tribunal soit obligé de violer cette règle généralement suivie[135].

Les organisations [modifier]

Les juges lisent le jugement des organisations, et expriment les conséquences du verdict auprès des autres tribunaux. D’une part, une organisation dite « criminelle » doit avoir :

* des buts criminels ;
* une homogénéité liant les membres les uns aux autres dans un but commun ;
* une formation ou une utilisation ayant un rapport avec les crimes définis par le Statut[136].

Ainsi, dans les futurs procès de dénazification, on devra prouver que les accusés connaissaient les buts de l’organisation à laquelle il avait adhéré, et que cette adhésion n’avait pas été faite par contrainte. Ainsi, l’idée de Bernais de pouvoir condamner plus facilement des grand nombre d’individus est en grande partie effacée[137].

D’autre part, le tribunal émet les recommandations suivantes : que les lois de dénazifications soient amendées afin de suivre la décision du tribunal, notamment en ce qui concerne les peines infligées, et que les peines soient unifiées sur les différentes zones d’occupation alliées[137].

Quatre organisations sont déclarées criminelles : le corps des chefs politiques du parti nazi, la SS, la Gestapo et le SD. Si les deux premiers groupes, tels qu’ils étaient mis en accusation, sont complètement reconnus criminels, le tribunal exonère plusieurs catégories de personnes, spécialement dans la Gestapo et le SD, deux groupes composés de volontaires. Tout d’abord, sont exonérés tous ceux qui n’ont plus rempli leurs fonctions auprès des organisations à partir du 1er septembre 1939, avant le début de la guerre. Le service de sûreté aux armées, et celui de la protection des frontières et de la douane, compris dans la Gestapo, ainsi que tous ceux occupant des emplois de bureaux, concierge ou autres emplois similaires de la Gestapo ou du SD, sont exclus du jugement[138].

La SA (dont les chefs ont été supprimés en 1934), le cabinet du Reich (groupe restreint, qui n’a plus régulièrement fonctionné depuis 1937), et les commandements militaires (qui ne constituent pas des groupes aux yeux des juges) sont lavés de l’accusation collective, ce qui n’empêchera pas que leurs membres soient poursuivis en particulier[139].

Génocide juif [modifier]
Streicher en prison

Cette partie du procès fait l’objet d’un chapitre du Jugement : il distingue tout d’abord la persécution avant et pendant la guerre. Mais le tribunal ne peut établir le lien entre la persécution des Juifs avant guerre et le déclenchement d’une guerre d’agression ; la persécution des Juifs n’est donc pas considérée comme un crime contre l’humanité. Toutefois, cette persécution est avérée, et les condamnés Göring, von Ribbentrop, Kaltenbrunner, Rosenberg, Frank, Frick, Funk, von Schirach, Seyss-Inquart, Bormann et Streicher en sont convaincus. Streicher surtout, condamné pour ses écrits, sera décrit « universellement connu comme leur [les Juifs] ennemi le plus acharné ».

A contrario, Fritzsche, malgré la propagande antisémite dont il fit preuve, n’a jamais poussé ouvertement à la persécution ou à l’extermination des Juifs. De plus, il a tenté de faire interdire par deux fois le journal de Streicher : il est donc acquitté de ce chef d’accusation[140].

Les accusés [modifier]
Légende. « A » accusé — « C » accusé et déclaré coupable — « º » aucune charge
Accusé Charges Verdict Remarques
Complot Crimes contre la paix Crimes de guerre Crimes contre l'humanité
Martin Bormann
A º C C Condamné par contumace, à mort par pendaison Mort à la fin de la bataille de Berlin.
Karl Dönitz
Karl Dönitz
A C C º Dix ans de prison .
Hans Frank durant sa détention
Hans Frank
A º C C Condamné à mort par pendaison
Wilhelm Frick
Wilhelm Frick
A C C C Condamné à mort par pendaison Auteur des lois antisémites de Nuremberg en 1935.
Hans Fritzsche au procès
Hans Fritzsche
A A A º Acquitté condamné à cinq ans e prison par un tribunal de dénazification ; purge quatre années ; décédé en 1953
Walther Funk
A C C C Détention perpétuelle Libéré pour raison de santé en 1957 ; décédé en 1960
Hermann Göring
C C C C Condamné à mort par pendaison Se suicide lors de la nuit prévue pour l’exécution
Rudolf Hess
C C A A Détention perpétuelle Se suicide en prison en 1987
Alfred Jodl
Alfred Jodl
C C C C Condamné à mort par pendaison Acquitté à titre posthume de toutes les charges par un tribunal allemand de dénazification en 1953.
Ernst Kaltenbrunner
Ernst Kaltenbrunner
A º C C Condamné à mort par pendaison .
Wilhelm Keitel
Wilhelm Keitel
C C C C Condamné à mort par pendaison
Gustav Krupp
von Bohlen
und Halbach
A A A A Considéré comme médicalement inapte à être jugé
Robert Ley
A A A A Mort avant le verdict
Konstantin von Neurath
Konstantin
von Neurath
C C C C Quinze ans de prison Libéré pour raison de santé en 1952 ; décédé en 1956
Franz von Papen
Franz von Papen
A A º º Acquitté Condamné à dix ans de travaux forcés par un tribunal de dénazification ; purge deux ans ; décédé en 1969
Erich Raeder
Erich Raeder
A C A º Détention perpétuelle Libéré pour raison de santé en1955 ; décédé en 1960
Joachim von Ribbentrop
Joachim
von Ribbentrop
C C C C Mort par pendaison
Alfred Rosenberg
C C C C Mort par pendaison
Fritz Sauckel
A A C C Mort par pendaison
Hjalmar Schacht
A A º º Acquitté Condamné à huit ans de travaux forcés par un tribunal de dénazification ; acquitté en appel ; décédé en 1970
Baldur von Schirach au procès
Baldur
von Schirach
C º º C Vingt ans de prison Libéré après avoir purgé la totalité de sa peine, en 1966
Arthur Seyß-Inquart au procès
Arthur
Seyß-Inquart
A C C C Mort par pendaison
Albert Speer
Albert Speer
º º C C Vingt ans de prison Libéré après avoir purgé la totalité de sa peine, en 1966.
Julius Streicher
Julius Streicher
A º º C Mort par pendaison
Conférence de presse des inculpés acquittés: Papen, Schacht, Fritzsche (de gauche à droite).

Le jugement est prononcé pour chaque accusé, l’après-midi, durant une séance de quarante-cinq minutes, en dehors de la présence de la presse. Le tribunal prononce douze condamnations à mort, sept à des peines de prison et trois acquittements.

Lorsque l’acquittement de Shacht est prononcé, c’est la stupeur générale : personne, surtout pas les avocats des accusés, ne songeait à la possibilité d’un acquittement[141]. Fritzsche et von Papen sont également acquittés : malgré les responsabilités de ce dernier dans l’Anschluss, le fait que cette annexion ne soit pas considérée comme une guerre d’agression lui permet d’échapper à la condamnation[142]. Von Papen se déclare surpris du verdict à son encontre, même s’il l’espérait. Fritzsche est complètement abasourdi : il ne sera même pas renvoyé en Russie, et est acquitté ici alors que, dit-il, « j’avais l’impression dès le début du procès, que j’y représentais Goebbels et que je serais donc condamné à sa place[143]. »


Le procès n’est pas complètement terminé : le président reprend la parole à la demande du juge Nikitchenko. Celui-ci demande qu’il soit fait mention dans le procès-verbal du procès qu’il est en désaccord avec les trois acquittements de Schacht, von Papen et Fritzsche, de la condamnation de Hess (il avait demandé la mort) et de l’acquittement de trois organisations : le cabinet du Reich et les organisations militaires[144].

Les acquittés, à leur sortie de la prison de Nuremberg quelques jours plus tard seront arrêtés par la police allemande et jugés devant des tribunaux de dénazification.

Les condamnés à mort et leur exécution [modifier]

Les réactions des condamnés à leur retour en prison sont relevées par Gilbert. Fatalisme, consternation prédominent chez Göring, Ribbentrop, Kaltenbrunner, Keitel, Sauckel et Jodl. Jodl et Keitel se plaignent du mode d’exécution : ils ne pensaient pas avoir mérité la corde, et auraient préféré le fusil. Frank et Streicher semblent soulagés[145].

Les recours en grâce des accusés sont déposés auprès du Conseil de contrôle pour l’Allemagne ; les accusés ont eu quatre jours pour les rédiger. Kaltenbrunner et Speer ne font pas de demande ; Göring, Frank et Streicher s’y refusent mais leurs avocats le feront à leur place. Ces demandes sont très différentes : Raeder demande la peine de mort, Jodl et Keitel à être fusillés, l’avocat de Göring à ce que la peine soit commuée en prison à perpétuité. Le 11 octobre 1946, les avocats sont informés que tous les recours en grâce sont rejetés. Les condamnés ne savent pas quel jour l’exécution aura lieu, mais la liberté relative dont ils disposaient en prison est supprimée : ils ne peuvent plus se rencontrer, portent des menottes, ne rencontrent plus leur famille que sous la surveillance de la police militaire. Le 12 octobre, ils rencontrent leur famille pour la dernière fois[146].

L’exécution est prévue la nuit du 16 octobre 1946, en présence de quatre généraux du Conseil de contrôle pour l’Allemagne, des représentants de la presse (deux par zone d’occupation), de médecins chargés de confirmer le décès, et de prêtres. Les potences des condamnés furent préparées par l'ancien bourreau du Reich Johann Reichhart. Elles furent dressées dans l'ancien gymnase du Palais de Justice de Nuremberg (qui fut détruit en 1987 lors de travaux de réfection). Cependant, ce fut l'exécuteur officiel de l'armée américaine le sergent-chef John C. Woods qui officia, assisté de son adjoint Joseph Malta. C’est à minuit moins vingt que les gardiens découvrent que Göring s’est suicidé au cyanure, apparemment uniquement à cause du mode d’exécution de la sentence. Les condamnés et les témoins de l’exécution sont prévenus[147].
Le corps de Kaltenbrunner après son exécution

Les exécutions ont lieu, chaque condamné dit ses dernières paroles. Le plus remonté est Streicher : il crache à la figure du bourreau, hurle « les Bolcheviques vous pendront bientôt », et crie « Fête de Pourim, 1946 ». Les autres exécutions seront plus calmes. Après avoir été photographiés, les corps des condamnés auraient été incinérés le 16 octobre 1946 dans un crématorium à Munich, et les cendres dispersées dans un affluent de l'Isar[148]. Selon le document filmé de Henri de Turenne, "Le Procès de Nuremberg", les corps furent acheminés par le moyen de trois camions jusqu'au camp de Dachau où ils furent brûlés dans un des crématoires.

Les procès liés [modifier]

En Allemagne [modifier]

Durant et après le procès principal se dérouleront d’autres procès dans les différentes zones d’occupation d’Allemagne. 5 006 personnes seront inculpées, 794 condamnées à mort, 486 exécutées[149].

Parmi ces procès, les douze qui se déroulèrent dans la zone d’occupation américaine sont appelés parfois « procès successeurs » :
Procès Krupp

1. le Procès des médecins (ou Procès des docteurs), qui aboutit à sept condamnations à mort, cinq à perpétuité, le reste se composant de peines de prison et d'acquittements ;
2. le Procès Milch : l’unique accusé fut condamné à la perpétuité ;
3. le Procès des juges et des juristes : quatre condamnations à perpétuité ;
4. le Procès Pohl, ou procès du WVHA, comprenant la bureaucratie des camps de concentration, dans lequel sera jugé Otto Ohlendorf : quatre condamnations à mort, trois condamnations à perpétuité ;
5. le Procès Flick : peines de prison ;
6. le Procès IG Farben : peines de prison ;
7. le Procès des otages, concernant les généraux ayant œuvré dans le sud-est de l’Europe : deux condamnations à perpétuité ;
8. le Procès du RuSHA : une condamnation à perpétuité ;
9. le Procès des Einsatzgruppen : treize condamnations à mort dont quatre exécutées, deux à perpétuité ;
10. le Procès d'Alfried Krupp : peines de prison ;
11. le Procès des ministères : peines de prison ;
12. le Procès du Haut Commandement militaire, concernant les généraux ayant attaqué l’URSS : deux condamnations à perpétuité.

Toujours dans la zone d'occupation américaine, se tint le tribunal militaire de Dachau, qui jugea les criminels de guerre mineurs comme Nuremberg l'avait fait pour les criminels majeurs. De nombreux procès entre 1946 et le début des années 1950 eurent lieu à Dachau : au total, 489 procès jugèrent 1 672 inculpés.

Devant les tribunaux, allemands cette fois-ci, sont instaurés des procès de dénazification ; les acquittés de Nuremberg notamment y seront jugés. Au total, 5 288 Allemands y seront condamnés par d’autres Allemands pour des crimes commis envers des Allemands[150]. Mais les délits sont souvent mineurs, car les preuves sont difficiles à réunir. De plus, les Allemands sont à l’époque plus concentrés sur les moyens de subvenir à leurs besoins primaires, et considèrent en partie que ces procès participent à la justice des vainqueurs[27].

A partir de 1949, avec la création de la RFA, le judiciaire repasse entièrement sous contrôle allemand. 628 nouveaux suspects, en grande partie des gardiens de camps de concentration, seront condamnés entre 1950 et 1955[151]. Mais en 1958, à la suite du "procès de l’escadron", est créé par les ministres de la Justice des Länder le Service central d’enquêtes sur les crimes nationaux-socialistes, qui reprendra les enquêtes sur les massacres de masse des Juifs dans les territoires de l’Est. En 1964, il aura ouvert plus de 700 enquêtes, dont beaucoup se termineront en procès et en condamnation[152]s.

En 1970, on estime à 11 000 le nombre de nazis condamnés par les tribunaux alliés et ouest-allemands[153]. Le début des années 1970 est également marqué par l’action de Beate et Serge Klarsfeld. En 1979, leur travail amène devant la justice Kurt Lischka, commandant du SD et de la Gestapo du « Gross Paris », Herbert Hagen, ancien supérieur d’Eichmann, et d’Ernst Heinrichsohn, adjoint au Service des affaires juives à Paris : c'est le procès de Cologne[154].

Au Japon [modifier]

Les procès de Tokyo, pour juger les criminels de guerre du régime showa furent créés d'après la conférence de Potsdam le 19 janvier 1946. Basés sur les même principes que Nuremberg[155], onze juges, représentant les pays alliés contre le Japon (États-Unis, URSS, Royaume-Uni, France, Pays-Bas, Chine, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Inde, et Philippines) inculperont les chefs japonais de crimes contre la paix, crimes de guerre, et de crimes contre l'humanité.

Dans les autres pays [modifier]

D’après la déclaration de Moscou, les criminels ayant commis leurs actes dans un seul pays sont extradés vers ceux-ci. Ils y seront jugés, suivant le pays, devant des tribunaux ordinaires (Norvège, Danemark, Yougoslavie), des tribunaux spéciaux (Tchécoslovaquie, Pologne) ou militaires spéciaux (Italie, Grèce). Ces tribunaux utiliseront la juridiction établie dans le pays, ou créant des délits spéciaux ayant un effet rétroactif, voire les deux à la fois. Deux témoins à Nuremberg, Höss et Wisliceny, furent jugés respectivement en Pologne et en Tchécoslovaquie, condamnés à mort et pendus[150].

En Autriche, de 1945 à 1948, les tribunaux condamnent 10 694 personnes pour crimes de guerre, essentiellement commis sur le sol autrichien, dont 43 sont condamnées à la peine capitale ; mais dès 1948, le processus de dénazification s'éteint.

En France [modifier]

En France, les procès de Klaus Barbie, par contumace en 1952 et 1954, ainsi que ceux de Karl Oberg et Helmut Knochen en 1954, purent ainsi se dérouler. Oberg et Knochen furent condamnés à mort et graciés par le président de la République, Barbie condamné à mort par contumace[151]. Après l’adoption à l’unanimité de l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité par la loi du 26 décembre 1964, en 1975 Paul Touvier, alors condamné à mort par contumace pour crimes de guerre, réapparait après avoir bénéficié d’une mesure de grâce. Il est accusé aussitôt de crimes contre l’humanité, mais les Chambres d’accusation saisies refusent d’ouvrir une instruction, pour cause d'incompétence. La Cour de Cassation casse ces décisions en les déclarant compétentes, et valide l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité sur les faits reprochés à Touvier, mais celui-ci disparaît à nouveau[156].

C’est en 1983 qu’un nouveau procès a lieu : il s’agit à nouveau de Barbie, extradé de Bolivie. Les crimes de guerre étant prescrits, il ne peut être jugé que pour crimes contre l’humanité (grâce à l’arrêt de la Cour de Cassation à propos de Touvier), à condition qu’il n’y ait pas eu de jugement à ce sujet auparavant. Seul le génocide juif semble rassembler ces conditions, notamment au sujet des rafles de la maison d’Izieu (cité au procès par Edgar Faure) et de la maison de l’UGIF. Mais les associations de résistants, qui ont été les principales victimes du travail de Barbie, vont essayer d’élargir la définition des crimes contre l’humanité, afin d’y inclure les actes de résistance, ces derniers devenant ainsi imprescriptibles. Si la Chambre d’accusation de la cour d’appel de Lyon n’adopte pas leur point de vue, la Cour de cassation s’y rallie[157]. Le procureur général près la Cour d'appel, Pierre Truche, hostile à ce rapprochement, remarque : « Alors qu’à Nuremberg, la notion de crime de guerre avait absorbé celle de crime contre l’humanité, ici l’inverse s’est produit[158]. »

La nouvelle définition pose aussitôt un problème : Paul Touvier, de nouveau réapparu, peut-il être inculpé de ce crime ? En 1992, la Chambre d’accusation de Paris rend un non-lieu, en justifiant que, Vichy n’ayant pas pratiqué une politique d’hégémonie idéologique, ses fonctionnaires ne peuvent être jugés comme ceux du Troisième Reich. Truche, devenu procureur général près de la Cour d'appel de Paris, obtient de la Cour de Cassation qu’elle considère Touvier comme complice de la Gestapo. En se référant à l’article 6 du Statut de Nuremberg, Touvier est condamné, comme Barbie, à la prison à vie[159].

Enfin, en 1998, Maurice Papon fut condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, suivant le code pénal de 1994, intégrant dans le droit français les notions de génocide et des autres crimes contre l’humanité.

En Israël [modifier]
Eichmann au procès

En 1960, alors que l’Allemagne reprend les enquêtes, Israël annonce la capture d’Adolf Eichmann, et son prochain jugement. Les principes du procès sont calqués sur celui de Nuremberg : les définitions des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre sont reprises. Mais le procureur général donne la parole aux témoins : il met en lumière le génocide. Filmé par la télévision et grandement couvert par les médias internationaux, ce procès bouleverse l’opinion et permet aux spectateurs de s’identifier aux victimes, ce à quoi Nuremberg avait failli[160].

Polémiques [modifier]

Les polémiques ont été faites, d’abord sur la forme du procès, puis sur le fond.

La forme [modifier]

Le procès s’est énormément, voire quasiment, appuyé sur les pièces administratives, traités, déclarations, témoignages écrits, journaux, etc. Peu de témoignages, en dehors des accusés, encore moins de la part des victimes. Cette lacune a peut-être empêché que ne soit détecté plus rapidement la politique d’extermination de groupes ethniques, appelée « solution finale », et la définition des crimes contre l’humanité maintient les persécutions juives d’avant 1939 et d’après le 8 mai 1945 en dehors du procès.

Marie-Claude Vaillant-Couturier trouva que les débats étaient lents, « extrêmement tatillons pour des crimes indiscutables et une culpabilité des accusés qui ne l’étaient pas moins. Je pensais que l’on cherchait à gagner du temps pour sauver des têtes[64] ». Kessel déclarait : « En eux-mêmes, les chiffres, les textes, les documents comptables étaient assez fastidieux[161]. »

Point de vue de la presse [modifier]
La presse allemande rapporte le procès.

A l’issue du procès, deux tendances s’affirment dans la presse internationale, tandis que la presse allemande, sous le contrôle des Alliés, ne se permet aucune forte critique.

Tout d’abord, la presse soviétique, ainsi que celle des autres pays communistes et la presse de gauche française dénoncent les trois acquittements. Pour certains journalistes, c’est « la réhabilitation de la réaction militariste et capitaliste allemande[162] ».

Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, c’est l’opinion contraire : les médias déplorent la dureté du verdict. Le sénateur Taft parle de « viol de la justice » ; le commentateur militaire anglais Fuller compare les généraux allemands aux Juifs. Taft reprendra cette comparaison en affirmant que « chercher une différence [entre le sort des Juifs et celui des généraux] serait couper des cheveux en quatre[163] ».

Justice internationale ou vengeance des vainqueurs ? [modifier]

« Si l'on choisit de faire passer les criminels en jugement, il faut bien se rendre compte que les tribunaux jugent des cas, mais que ces cas jugent aussi. On ne peut pas instruire de procès quand on n'a pas réellement l'intention de relâcher les prévenus si leur culpabilité n'est pas prouvée clairement. L'opinion mondiale n'approuvera jamais un tribunal créé pour condamner et toute procédure conduite par des juristes dignes de ce nom ne peut être que régulièe ; on ne saurait en attendre une parodie de justice ratifiant une décision prise à l'avance »
— Robert H. Jackson, vers juin 1945[164].

Sous le prétexte qu'on a refusé aux défenseurs le droit de se plaindre de la sélection des juges, certains estiment que le tribunal n'était pas impartial. Le caractère "international" des juges doit être pondéré du fait qu'ils n'étaient en fait que l'émanation des principaux vainqueurs, les pays neutres, colonisés et ou ayant sommairement soutenu les Alliés n'étant pas représentés.

Dans sa déclaration liminaire, Robert Jackson, représentant du ministère public, déclarait : « La disparité énorme qui existe entre la situation des accusateurs et celle des accusés pourrait discréditer notre action si nous hésitions à faire preuve d'équité et de modération, même sur des points mineurs [...] Nous ne devons jamais oublier que les faits pour lesquels nous jugeons ces accusés sont ceux pour lesquels l'Histoire nous jugera demain. Leur donner une coupe empoisonnée, c'est aussi la porter à nos lèvres. Nous devons accomplir notre tâche avec détachement et intégrité intellectuelle afin que ce procès représente pour la postérité la réalisation des aspirations humaines à la justice. »

Certains auraient préféré que les nazis et leurs complices soient jugés par des États neutres durant le conflit, voire par des tribunaux allemands antinazis, comme le reprochait le professeur Ludwig Erhard, chancelier de la RFA à partir de 1963 : « Il est à regretter qu’à Nuremberg la loi fut appliquée par les seuls vainqueurs. La promesse que, malgré cela, le droit des gens, et non celui des vainqueurs, serait appliqué aurait été plus convaincante si le glaive de la loi avait été laissé entre les mains de puissances neutres. Il est vrai qu’il y eu peu de neutres au cours de cette guerre, mais il y eut cependant la Suisse, la Suède, le Portugal, pays dans lesquels les spécialistes du droit international et les juges avertis ne manquent pas. Enfin, la confiance dans la jurisprudence de cette Cour et l’effet moral du jugement auraient été plus grands chez les Allemands, si des juges allemands avaient participé à un procès dont tous les justiciables[165] étaient allemands[166]. »

Des historiens, tels Joseph Rovan, déporté à Dachau, ou l’allemand Rudolf von Thadden, déploreront dans les années 1990 que les Alliés aient considéré que tous les Allemands avaient adhéré à l’idéal nazi, et qu’ils n’aient pas pris en compte les crimes proférés avant la guerre[167].

Justice rétroactive? [modifier]

Le caractère à la fois rétroactif et ad hoc des définitions de crime de guerre et de crime contre l'humanité est un point de friction vis-à-vis des fondements du droit, qui posent comme principe la non-rétroactivité des lois pénales. Toutefois ce principe n’avait pas fait l’objet d’un traité international, jusqu’en 1945 du moins[135].

Certains articles du Statut, notamment les 19 et 21, qui réduisent les règles techniques d’établissement des preuves, suscitent également débat et permettent de remettre en cause, a posteriori, la validité de certains arguments présentés par l’accusation.

L’accusation de crimes contre la paix présente également un point faible : certes, l’Allemagne a violé les engagements internationaux qu’elle avait pris. Mais il n’est pas prévu dans ces pactes d’engager les individus : seuls les états sont obligés de se tenir aux termes du traité. Autrement dit, on ne peut frapper d’une sanction relevant du droit pénal aucun des accusés pour cette inculpation[168].

Enfin, l’interdiction d’évoquer le «Tu Quoque » fragilise également l’accusation[169].

Les crimes des Alliés [modifier]
Amas de cadavres après le bombardement de Dresde.

Malgré les efforts des juges et procureures soviétiques, le rôle de l'URSS lors de l'invasion de la Pologne et sa participation à celle-ci onté été évoqués lors du procès. Si le débat autour du massacre de Katyn n'est pas tranché, si le torpillage du Wilhelm Gustloff, il ne fait pas de doutes que les Alliés ony eux aussi commis des crimes de guerre. Néanmoins, l’historien d’origine polonaise Bronislaw Baczko reconnaît que si ces crimes peuvent être qualifiés ainsi, « nous en sommes redevables à la juridiction de Nuremberg[167] ».

Allant plus loin que la simple mise en cause de l’URSS, Casamayor, entre autres, reproche aux Alliés la différence de traitement entre les massacres de civils russes en Ukraine, et les bombardements de Dresde, Hiroshima, Nagasaki. Poliakov écrira : « a dater de maintenant, il y a deux genres de droit international, un pour les Allemands, l’autre pour le reste du monde[166] ». « Si les bombardements indiscriminés de Londres et l'utilisation des armes de représailles, telles les fusées V1 et V2, ne sont pas au nombre des chefs d'accusation, c'est sans doute pour ne pas y inclure les bombardement indiscriminés par le R.A.F. des populations civiles, dont le bombardement au phosphore de Dresde, constitue le paroxysme[170] »

Héritages du procès [modifier]

Justice internationale [modifier]

L'Assemblée générale des Nations unies a confirmé le 11 décembre 1946 « les principes de droit international reconnus par le Statut du tribunal de Nuremberg et par le jugement de celui-ci », et leur a donné une valeur permanente[171]. En novembre 1947, une commission du droit international est créé par l’ONU.

Pourtant, ces décisions ne donnèrent aucun résultat dans les faits. En 1967, par exemple, une commission est chargée par l’Association internationale des juristes démocrates de déterminer si des crimes de guerre étaient commis par les Américains au Viêt Nam. D’après l’un de ses membres, le bâtonnier Maurice Cornil, « le projet de constituer un tribunal permanent des crimes de guerre est bloqué depuis 1953 à cause, à dérision, de la définition d’agression[172] ». En 1971, le procès de soldats américains accusés d’un massacre à My Lai ne fit nulle part mention de crimes de guerre. Toutefois, le juriste néerlandais Pompe a formulé ainsi le droit pénal international : « Aussi longtemps qu’un code pénal international n’existe pas, ou n’est pas ratifié par les Nations Unies, les lois de Nuremberg demeurent des lois valables et applicables en vertu du jugement de Nuremberg, confirmé par décision des Nations Unies[173]. »

En matière de justice internationale, il n’y eut tout d’abord que deux procès montés devant des tribunaux internationaux : celui de La Haye pour les crimes commis en ex-Yougoslavie (TPIY), et celui d’Arusha pour ceux commis au Rwanda (TPIR). Le fonctionnement du deuxième, jugeant des crimes commis durant une guerre non finie au moment du procès, fut très critiqué[174].

En 1998, par le traité de Rome, fut enfin créée la Cour pénale internationale qui siège désormais à La Haye.

Principes éthiques et politiques développés [modifier]

On doit aux Principes de Nuremberg, un document juridique réalisé pendant ce procès, la définition des crimes contre la paix et des crimes contre l'humanité. En outre, les expériences médicales conduites par des médecins nazis ont conduit, à l'issue du « Procès des médecins », à la création du Code de Nuremberg qui pose des principes en matière d'expérimentation médicale sur des sujets humains.

La définition du génocide découle directement du procès, même si le mot n’y est pas prononcé. Le terme de génocide est ainsi utilisé pour définir les crimes de guerre (et non les crimes contre l’humanité) dans la résolution de l’ONU de 1946, puis dans la « convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », texte adopté par l’ONU le 9 décembre 1948 : le texte reprend pour l’essentiel la définition du Statut.

Le concept d'« éthique de la recherche » est issu de la République de Weimar, mais il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour le voir émerger[175].

En 1964, un débat s’engage sur la prescription des crimes contre l’humanité : en effet, dans la plupart des législations, la prescription est de 20 ans, et la date se rapproche. Ainsi, en France et en Allemagne en 1964, puis à l’ONU en 1968, les crimes contre l’humanité sont déclarés imprescriptibles[176].

Héritage médiatique [modifier]

Les films documentaires sur les camps de concentration projetés lors du procès ont profondément marqué l'opinion publique, contribuant à faire connaître les images des atrocités commises par les nazis. Le procès a été filmé par le réalisateur américain John Ford. Si le film du procès est important, ceux d’Eichmann et de Barbie ont contribué à garder en mémoire les principes de Nuremberg.

Notes et références [modifier]

Notes [modifier]

1. ↑ Jackson veut également mettre en accusation Alfried Krupp, mais c’est son père, Gustav, qui est présent sur la liste. Âgé de 75 ans et atteint de sénilité, il ne peut comparaître. Au début du procès, Jackson et les procureurs soviétiques et français s’associeront pour que Alfried soit substitué à Gustav, mais les juges refuseront cette requête le 16 novembre 1945, cf. Annette Wieviorka, op. cit, p. 41-42.
2. ↑ il a été amnésique de novembre 1943 à juin 1944 selon le « Rapport de la Commission désignée pour examiner l’accusé Rudolf Hess », dans T.I. Nuremberg, op. cit., p. 169-170.
3. ↑ Dans les minutes qui précédèrent l’invasion de l’Autriche, Göring donne l’ordre à ses services téléphoniques de noter et de conserver toutes ses conversations essentielles. Préservées de la destruction, elles sont retrouvées par les services alliés.
4. ↑ L'autre conséquence de l'invasion de l'URSS, c'est-à-dire l'entrée en résistance massive des partis communistes, ne sera pas évoquée.
5. ↑ Ce terme, néologisme formé en 1944 par Raphael Lemkin, professeur de droit international à l’université de Yale, pour qualifier les pratiques de l’État nazi, ne sera pas utilisé dans tout le procès.
6. ↑ Les historiens ont réévalués le chiffre à 1,1 million de morts, dont 95 % de juifs.

Références [modifier]

1. ↑ Joseph de Maistre, lettre au Comte de Front, 27 juillet 1815
Cité dans « Belg. Jud. », janvier 1920, p. 32 ; voir aussi H. Hale-Bellot, (en) « The Detention of Napoleon Buonaparte », L.Q.R., 1923, p. 170 et suivantes ; E. Decaux, « Le statut du chef d'État déchu », A.F.D.I., 1980, p. 105-107.
2. ↑ E. Decaux, « Le statut du chef d'Etat déchu », A.F.D.I., 1980, p. 105-114.
3. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Norman Paech, Apports du Procès de Nuremberg au droit pénal, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 26-27.
4. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Éric David, L'actualité juridique de Nuremberg, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 26-27.
5. ↑ Annette Wieviorka, « Le procès de Nuremberg », éd. Liana Levi, Paris, 2006, p. 10-13.
6. ↑ Cité par Gerhard E. Gründler et Arnim von Manikowsky, dans « Nuremberg, la justice des vainqueurs », traduit de l’allemand, Paris, Laffont, 1969, p.52.
7. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 15-16.
8. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 13-15.
9. ↑ (en) War Cabinet Minutes of 47th Meeting - page 67 [archive]
10. ↑ a  b  Telford Taylor, (en)« The Anatomy of the Nuremberg Trials. A Personal Memoir », New York, Alfred A. Knopf, 1992.
11. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 19.
12. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 21.
13. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 20-22.
14. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 30-31.
15. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 32.
16. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 69.
17. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Éric David, L'actualité juridique de Nuremberg, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 96-98.
18. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 35-36.
19. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Éric David, L'actualité juridique de Nuremberg, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 162.
20. ↑ T.I. Nuremberg, « Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international », 1947, t. I, p. 235.
21. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 28.
22. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 39.
23. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 197.
24. ↑ Raul Hilberg, « La Destruction des Juifs d’Europe », Paris, Fayard, 1985, p. 924.
25. ↑ Raul Hilberg, cité par Annette Wieviorka, op. cit, p. 199.
26. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 215.
27. ↑ a  b  Dennis L. Bark et David R. Gress, « Histoire de l’Allemagne depuis 1945 », Paris, Laffont, 1992, p. 65.
28. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 201-204.
29. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 46.
30. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 46-48.
31. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 49-50.
32. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 50-52.
33. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 53.
34. ↑ Jean-Marc Varaut, Le procès de Nuremberg, Paris, Perrin, 2002, p. 49-50
35. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 45.
36. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 57-58.
37. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 53.
38. ↑ Joseph Kessel, « France-Soir » du 27 novembre 1945.
39. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 55-57.
40. ↑ Edgar Faure, « Mémoires II. Si tel doit être mon destin ce soir… », Paris, Plon, 1984, p. 32.
41. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 64.
42. ↑ Serge Klarsfeld, Le Monde Juif, n° 127, juillet-septembre 1987.
43. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 65.
44. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 59-60.
45. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 61.
46. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 71-72.
47. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 76-77.
48. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 77.
49. ↑ G.M. Gilbert, « Le Journal de Nuremberg », traduit de l’anglais par Maurice Vincent, Flammarion, 1947, p. 43-44.
50. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 86.
51. ↑ Joseph Kessel, « France-Soir » du 28 novembre 1945.
52. ↑ R.W. Cooper, « Le Procès de Nuremberg. Histoire d’un crime », traduit de l’anglais par Aline Chalufour et Suzanne Desternes, Paris, Hachette, 1947, p. 27.
53. ↑ Joseph Kessel, « France-Soir » du 1er décembre 1945.
54. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 45-47.
55. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 94-95.
56. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 96.
57. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 112.
58. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 111.
59. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 112-117.
60. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 117.
61. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 118.
62. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 119-120.
63. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 121.
64. ↑ a  b  Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Communication de Marie-Claude Vaillant-Couturier, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 21.
65. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 123.
66. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 124-125.
67. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 125-127.
68. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 128.
69. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 133.
70. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 129.
71. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. VII, p. 371-388.
72. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 131-132.
73. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 132.
74. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 152.
75. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 135.
76. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. I, p. 57.
77. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 134.
78. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 136-139.
79. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 139.
80. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 140.
81. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 141.
82. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 141-142.
83. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 146.
84. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. XVIII, p. 386.
85. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 148.
86. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. V et XIII.
87. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. II, p. 127.
88. ↑ Jean-Marc Varaut, Le procès de Nuremberg, Paris, Perrin, 2002, p.31
89. ↑ Joseph Kessel, Jugements derniers. Les procès Pétain, de Nuremberg et Eichmann, Paris, Tallandier, coll. Texto, 2007, p. 127-128
90. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 155.
91. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 156.
92. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 168.
93. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 169.
94. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 179.
95. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 183.
96. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 181.
97. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 268-269.
98. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 106-107.
99. ↑ Edgar Faure, « Mémoires II. Si tel doit être mon destin ce soir… », Paris, Plon, 1984, p. 33.
100. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 173.
101. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 175.
102. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 178.
103. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 187.
104. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. I, p. 261.
105. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. XVIII.
106. ↑ Didier Lazard, « Le procès de Nuremberg, récit d'un témoin », Paris, 1947, Editions de la Nouvelle Presse, p. 270-271
107. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 206.
108. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 206-208.
109. ↑ Décrite par Jorge Semprun dans « L’Écriture ou la vie ».
110. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 211.
111. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 212.
112. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 213.
113. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 214.
114. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 238-242.
115. ↑ Joseph Kessel, « France-Soir » du 2-3 décembre 1945.
116. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 102.
117. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. XVI.
118. ↑ Développé par Casamayor dans « Nuremberg, 1945 : la guerre en procès ».
119. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 98.
120. ↑ Churchill, « Les Grands Contemporains », publié dans les années 30.
121. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 99.
122. ↑ T.I. Nuremberg, op. cit., t. X.
123. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Casamayor, Le procès de Nuremberg, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 63.
124. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 104.
125. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 105.
126. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 106-109.
127. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 227.
128. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 432.
129. ↑ Telford Taylor, op. cit, p. 608.
130. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 229.
131. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 230.
132. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 230-231 et 235.
133. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 231-235.
134. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 260.
135. ↑ a  b  Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Éric David, L'actualité juridique de Nuremberg, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 111.
136. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 218-219.
137. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 219.
138. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 220-223.
139. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 223-225.
140. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 259.
141. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 254.
142. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 258.
143. ↑ Cité par Gerhard E. Gründler et Arnim von Manikowsky, dans « Nuremberg, la justice des vainqueurs », traduit de l’allemand, Paris, Laffont, 1969, p.292.
144. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 263-264.
145. ↑ G.M. Gilbert, op. cit., p. 434-436.
146. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 268-269.
147. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 270.
148. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 273-274.
149. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 285.
150. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 286.
151. ↑ a  b  Annette Wieviorka, op. cit, p. 287.
152. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 288-289.
153. ↑ Pierre Mertens, « L’imprescriptibilité des crimes de guerre et contre l’humanité », Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 1974, p. 176
154. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 294-295.
155. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Éric David, L'actualité juridique de Nuremberg, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 115.
156. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Arnaud Lyon-Caen, De Nuremberg au procès Barbie, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 49.
157. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 296-297.
158. ↑ Pierre Truche, « Le crime contre l’humanité », sous la direction d’André Kaspi, « Les Cahiers de la Shoah », Liana Levi, p. 37.
159. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 298.
160. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 290-291.
161. ↑ Joseph Kessel, « France-Soir » du 29 novembre 1945.
162. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 282.
163. ↑ Léon Poliakov, « Le bréviaire de la haine », Paris, Calmann-Lévi, 1951, p. 276.
164. ↑ J.M. Varaut, op cit, p. 41.
165. ↑ Exception faite de Seyss-Inquart.
166. ↑ a  b  Léon Poliakov, « Le bréviaire de la haine », Paris, Calmann-Lévi, 1951, p. 274.
167. ↑ a  b  « L’Histoire », n°136, septembre 1990, p. 63.
168. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Norman Paech, Apports du Procès de Nuremberg au droit pénal, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 24.
169. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 66.
170. ↑ J.M. Varaut, op. cit., p. 42.
171. ↑ Résolution 95(1), Assemblée générale, Nations Unies.
172. ↑ « Journal des Tribunaux », 8 avril 1967
173. ↑ Actes du colloque international, « Le Procès de Nuremberg – Conséquences et actualisation », Willy Calewaert, Allocution d'ouverture, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, 27 mars 1987, p. 43.
174. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 299-300.
175. ↑ Inserm : l'éthique [archive]
176. ↑ Annette Wieviorka, op. cit, p. 293-294.

Pour en savoir plus [modifier]

Filmographie [modifier]

* Jugement à Nuremberg, 1961, de Stanley Kramer.
* De Nuremberg à Nuremberg, documentaire de Frédéric Rossif, 1989, 2h 57mn (en deux parties).
* Nuremberg réalisé par Yves Simoneau, 2000, avec les acteurs Alec Baldwin, Christopher Plummer, Max von Sydow, Brian Cox, Charlotte Gainsbourg, Jill Hennessy.
* Le procès de Nuremberg. Les nazis face à leurs crimes, 2006, documentaire de Christian Delage.

Bibliographie [modifier]

* Casamayor, Nuremberg : la guerre en procès, 1985
* Collectif, Le procès de Nuremberg : conséquences et actualisation :actes du colloque international, Université Libre de Bruxelles, le 27 mars 1987, Bruxelles, Bruylandt, 1988 (ISBN 2802704257)
* François de Fontette, Le procès de Nuremberg, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1996
* François Delpla, Nuremberg face à l'Histoire, L'Archipel, 2006 (recension : [1])
* Michel Dobkine, Crimes contre l'humanité : extraits des actes du procès de Nuremberg, 18 octobre 1945-1e octobre 1946, Paris, Romillat, coll. Retour au texte (ISBN 2878940334)
* Christopher J. Dodd, Lary Bloom, Letters de Nuremberg. Le procureur américain raconte., Paris, Presses de la cité, 2009 (ISBN 9782258077072)
* Joachim Fest, Albert Speer, Édition Perrin, Collection Tempus, Édition 2006 page 360.
* Antoine Garapon, Des crimes qu’on ne peut ni punir ni pardonner, Odile Jacob, 2002
* Gustave Gilbert, Le journal de Nuremberg, Flammarion, 1948
* Leon Goldensohn, Les entretiens de Nuremberg, présentés par Robert Gellately, Éditions Flammarion, version française, 2005
* Bruno Halioua Le Procès des médecins de Nuremberg, Irruption de l’éthique médicale moderne, Édition Vuibert, 2007 (ISBN 9782711772469)
* Pierre Hazan, La Justice face à la guerre – De Nuremberg à la Haye, Stock, 2002
* Robert Max Wasilii Kempner, Le IIIeReich en procès : acteurs et témoins, Tournai, Casterman, 1972
* Joseph Kessel, Jugements derniers. Les procès Pétain, de Nuremberg et Eichmann, Paris, Tallandier, coll. Texto, 2007 (ISBN 9782847344288)
* Jacques-Bernard Herzog, Nuremberg : un échec fructueux?, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1975 (ISBN 2275013679)
* Joe J. Heydecker, Johannes Leeb, Le procès de Nuremberg, Éditions J'ai Lu, Paris, 1959.
* Léon Poliakov, Le Procès de Nuremberg, Julliard-Gallimard, « Archives », Paris, 1971.
* Arkadi Iosifovitch Poltorak, Le procès de Nuremberg, Moscou, Éditions du progrès, 1987
* Telford Taylor, Procureur à Nuremberg, Seuil, 1998
* Jean-Marc Varaut, Le procès de Nuremberg, Paris, Perrin, 2002 (éd. or. 1992) (ISBN 2262019827)
* Annette Wieviorka, Le procès de Nuremberg, ed. Liana Levi, Paris, 2006.(ISBN 286746420x)

Liens externes [modifier]

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les procès de Nuremberg.
(recherche Mayflower)

* (en) Les documents du procès de Nuremberg sur le site de l'Avalon Project (Yale University)
* Liste des accusés et leur jugement
* Statuts du tribunal de Nuremberg
* Série documentaire sur le procès de Nuremberg sur France Culture
* D'autres photos du procès sur le site du Mémorial de la Shoa
* Les grands procès de la Seconde Guerre mondiale
* Le procès de Nuremberg par Annette Wieviorka
* (en) Site de l'Université du Missouri consacré au procès
* (en) The Nuremberg Trials, archives du Times

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Filmographie Jugement à Nuremberg, 1961, de Stanley Kramer · De Nuremberg à Nuremberg, 1989, documentaire, Frédéric Rossif · Nuremberg, 2000, série télévisée, Yves Simoneau ·
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Anonymous said...

Qui a violé le droit de Wikipédia en publiant cet article ici ?

Anonymous said...

http://www.youtube.com/watch?v=53uO7uG79-k&feature=related

Anonymous said...

Les articles ont écrit dans Pikipedia par certains. Ces articles peuvent être ajoutés.

La plupart des articles ont écrit par les Vietnamiens qui falsefied toujours les faits.

Les faits sont des Khmers tués par Vietnam communistes.

Les faits les Etats-Unis et l'ouest n'ont pas entretenu le Cambodge. Le Roi Sihanouk a demandé des aides de Chine, quand l'armée de sommeil vietnamienne sont le Cambodge intérieur.

Anonymous said...

American and Britain wrote bad things about King Sihanouk, because they were angry the King went to join with China.
And when they found out that Lon Nol was one of King Sihanouk army, they CIA told Lon Nol to kill Sihanouk, thousand bombs from Thailand, Utapoa dropped on Cambodia. Imagine a small country like Cambodia received thousand bombs.
And when the Vietnamese realized that Ksamphan were also King Sihanouk sleeping army, they too went after to kill King Sihanouk.

How many times King Sihanouk survived from the assassination attempt on his life?


Why didn't they write many real things that the west did not give a shit about a tiny Cambodia but Thailand and Vietnam?

Fine, Vietnam threatned Hun Sen not to let his people to build nuclear, those Khmer engineers and scientists will join, China and N.Korean or US if necessary.

The Vietnamese must pay the price they did to Khmers.

Anonymous said...

Looklike the WWIII will be coming and will start from Cambodia then spreading to Vietnam, Thailand and the rest. Because the world running down to invest in Cambodia oil and renting land to farm. They will again draw blood.

Anonymous said...

we all confront the currently situations ,if we all pull up the back to live it will be hurt all of us and can't do nothing ,it push viet nam tied of us with robe smask into the tree.

Anonymous said...

When it comes to justice, everything is so injustice in Cambodia.

Anonymous said...

This fool is being bought by Viet to confusing khmer more...

Anonymous said...

Stupid!
- You cannot possibly type the whole book here.
- No one is interested in reading a book.
- All you did was "Paste and Copy".
- You don't think

Anonymous said...

Pouk Ah Scam Rainxy must be stopped from screwing up the tribunal to deny Khmer people the justice they long waiting for.

Anonymous said...

Anything specific besides "screwing up" 7:45 AM? Or is it just your usual unsubstantiated nonsensical trashing of KI-Media and its readers in general?

Anonymous said...

Hqanoi did give birth to the Khmer Rouge during World War II, as Khmer Viet Minh vs Khmer Issarak. After the Geneva conference of 1954
Hanoi withdrew their forces of occupation from Cambodia, but Hanoi did hide their Secret Agents in Sam Lot, Memout, Choub by marrying with khmer wives, such as Viet agent Giang in Sam LOt. The latter is working in the Viet cell
in Phnom Penh, but changed his name into Cambodian name. Through year 1952 -56, Hanoi kidnapped khmer kids, stories of Promat Promang, and send them to Hanoi, Heng Sam Rin, Chea Sim, Pen Sovann,etc... Hanoi did framed the khmer royal family by a Viet ex-secretary of the French resident in Phnom Penh and had a love affair with princess Kossomak who gave birth to Sihanouk, a half-Viet. Hanoi did provide a Viet baby-sitter for Sihanouk, a Viet maiden, a Viet cooker in palace of Phnom Penh. Hanoi armed KR with Sihanouk as head of the group in Pekin. Hanoi endoctrinated and brainwashed KR to murder Khmer people for Viet. Hanoi invaded Cambodia in the pretext of saving Cambodians from KR. Hanoi did managed and manipulated the Viet puppet regime until today to control every thing from the top down. Hanoi plundered khmer resources of all kinds: deforestation, depleted khmer fishstock in Tonle Sap with millions Viets, Ah Sok Kong former Viet Cong General control the money from tourists visiting Angkor Wat. Hanoi continued to kill khmers until today by their puppet Hun Sen, a second killing Field = K-5, the 1997 coup-d'etatect...Hanoi became Khmer saviors.

Hanoi sent another secret Viet pussy to hook Sihanouk, Monique.

So smart Viet criminal against Humanity !!!

So stupid and damned ah Phloeu Hun Sen and ah S'dec kone Yuon Norodom Sihanouk.

Anonymous said...

8:26AM. You are Vietnamese spy. You made up story to curse our Khmer King and Khmer Queen. You are Vietnamese spy or at least a Khmer who works for Vietnamese interest.

Try to claim a Khmer woman as Vietnamese woman? Your game is no use anymore.

Cambodia, Laos and Vietnam were States of France during French controlled. The Queen was born in Southern of French State from her Italian French Father and her Khmer Mother Peang.


Khmer Rouge were created since in 1930's if you don't know.

Anonymous said...

8;26am is not the only one who fights to divide Khmers, among this poster 8;26am are more Khmers are being divided by Vietnamese propaganda, the Vietnamese spies that some real Khmers called them Bong or Ph'Oun Khmers.

They called the Vietnamese of Khmer decent Khmer Krom but they called the Queen of Khmer-Italian decent as Vietnamese when her Father government, Govt' of France owned Vietnam, Laos and Cambodia.

Anonymous said...

If 8:26AM is Khmer that person is the dumbest Khmer, but if this person is Youn, hell he or she is a good Youn spy.

Anonymous said...

Our Queen Mother is Khmer, don't believe pourk Ah Youn propaganda and Ah Khmer racist.

Anonymous said...

11:16 PM.
Why didn't you post the links instead of wasting a big space and no body read.
Do you know Pikipedia does not really represent all facts? Because every body can add and/or delete.

Anonymous said...

10:35 PM , I support your comment.

Anonymous said...

08:26 I love your comment nothing but true.
May God bless you.

Anonymous said...

Hun Sen will Die soon, do not worry and Cambodia will belong to Cambodian. Now Cambodia belong to Hunsen, He buys all things in Cambodia.
You all should know that, Hun sen is the slave of Vietnames, China,and thailand.
Hok Londy is sad in the hell, and he tells Hun not to the bad things for Cambodian but Hun sen never listen. Hun Sen says I wanna fuck all virgin girls in cambodia sen, then he will die, Hok Londy always teaches Hun sen not to do that, it is a bad thing Ah Dom Long Sen.
Now Hok Londy in the hell no food, No girl, no relatives and no one never him.
He is so sad

from,
Khmer love Cambodian.

Anonymous said...

12 17 PM.
The comments made by 8 26 AM are not true but hearsay, jealous , hatred and far away from the truth or facts. This poster can be either Vietnamese spy of stupid Khmer.

The facts Kings of Siam invited Europeans into SEA. They were in Siam in Vietnam while Cambodia was under Viet-Siam ruled over.

The facts French took Cambodia begun in 1863, then took Loas Vietnam. The facts Cambodia, Laos and Vietnam were French states.

The facts, a Khmer woman, Mrs Peang was with her last husband, French-Italian and gave birth to her last child in South of French States where many million Khmer were also born there, Lon Nol, ..and many more were born in there but they are Khmers.

The facts Mrs. Peang was considered as a man's eater and all her last children especially the one who is now Queen Mother is being called YOUN by members of Royal family members who considered Mrs. Peang as a third class citizen and whore.

The facts Ranaraidh's sister Bopha Devi (Sihanouk's daughter) and Norleak (Sihanouk another wife) are all men's eaters. They are OK, because they are black Khmers.

The facts that all Khmer Krom are called Vietnamese but they can claim Khmers, except Mrs. Peang's youngest daughter cannot.

The facts, Queen Mother's old sister Princess Nanette a wife of Prince Metheavy is Khmer, but the Queen is not Khmer, according to the Khmer racist.

The fact Sihanouk and his wife escaped to China from being killed by the Vietnamese KR spies, helped by Pol Pot who set them on a plane at Pochentong; then Princess Nanette and her husband, Prince Metheavy were both executed in Viet KR prison under Duch and his Boss Hor Nam Hong was a director.

The facts Princess Nanette and Prince Metheavy were the parents of Prince Thomico and Princess Sophana.

The facts Vietnamese have never left Cambodia, except Siam.

The facts, Phan Boi Chau, Ho Chi Minh's god father determined to keep Indochina for Vietnam. The facts Khmer rouge were created since 1930's.

The facts Khmers were brainwashed by the Vietnamese to be French's enemy; then Vietnamese were brought back to supervise over Cambodia affair. (That was Vietnamese Cold War to be able to invade Cambodia through French.)


The facts many Vietnamese spies are among Khmers and the facts thevietnamese made themselves Khmers.

The facts these Khmer racist are the dumbest who killed their own people because of hatred.

Anonymous said...

You forgot that this Khmer guy Chunphal may be paid some $$ by the Viet photographers to be on the show. No doubt Duch is a Vietnamese Hero after he was ordered by his Boss Hor Nam Hong to kill Khmers whom they thought were Chinese spies.

He is a Black Khmer the story goes as it was in the past.

Anonymous said...

3:35 AM,

Mr. Pom Peang Peang was Monique adoptive mother, said Mrs. Ly Loeung, ex- diplomat staff in Hong Kong, and Monique classmate in Lycee Descartes in Phnom Penh. Her real mom was a Viet prostitute, so her father gave her to his 2nd wife, Mrs Peang Peang, to raise.

She had a connection with Ah Hong You, Viet Cong bookseller in Phnom Penh.

Anonymous said...

Mrs. Ly leung is not teling the truth. She has the issues and her connections with Vietnam and bad Royal Members.
Don't believe Mrs. Ly Leung who was from Vietnamese decent.

You need to stop believing this Vietnamese Propaganda to divide Khmers. Million Viet sleeping army were in Cambodia and every member of Khmer people spoke to Hong You and why cannot she talked to?

Anonymous said...

One Vietnamese woman was sent to Phnom Penh well trained and pretty (She was mixed Khmer Krom-Viet and Barang) to seduce and to kill Sihanouk, but she failed the mission. Instead of going to seduce Sihanouk she ended up married a Foreign Doctor in Phnom Penh. Her body was cut into legs arms and wrapped in a plastic bag.

There are too many facts are not yet discovered.

Prince Norindarapong hates the Vietnamese too much. He was found dead. All they said he was an alcoholic.

Queen Monineath is a subject of Khmer racist and the Vietnamese propaganda. They won't stop because she is not Vietnamese by blood.

If she is Vietnamese spy, Pol Pot people would have killed her for along times ago didn't wait for her to run away. Under N. Korean protection, it is goood that the Vietnamese and Khmer racist won't be able to kill her.

Anonymous said...

To all Khmer people,

I support 8:26 AM what he said here is thrue. But The whole thruth is more. I'm a grandson fo Chang vang Kanthor during Luong Monivong. He did pass all infos to my dad and me. 8:26 AM may be a descendant of my granddat's friend, I assume.

Everything was planned and framed by Viet leaders upon khmer royal family, the stupid royal family in the world.

In the near future I'll publish a book entitled : ANA CHEA OV ANH (Sihanouk) ?

Anonymous said...

I read 8:26AM.
There was no truth. What you saw was not the source of the truth.

You claimed your grand father knew the truth among your clans, but the truth about Cambodia linked to foreigners and super power nations. If you want to make money from writing the books then I can understand. Only poeple in your cathegory will read and believe you but not many would do in this day. There're many records outside of Cambodia can be helpful to understand about Cambodia.

Anonymous said...

6:15 AM,

Go to read a French book entitled, SARAMONI, S'dec Norodom everyday palace living, and how bad was and is Khmer Khmer Royal families of Cambodia, Pourk ah Trosok Pha'our !!!

Anonymous said...

To all Khmer brothers and sisters:
I feel good that I can learn our country history and reveal a lot of viet's trick that lead our country, our nation to this situation.We all Khmer regardless anywhere,we have to work together against viet's trick.
viet is the only one who created devastation in Cambodia since stupid king chey chethaII.
viet's tricks: 1-women 2-money 3-fake sweet friendship 4 secret agents 5-separate the Khmer power.
5:55AM I want to read your document of Cambodia,I will contact you when the book is published.
Brother Norng,you are survived for a good will to serve Khmer victim.
God bless Cambodia.

Anonymous said...

7:54 AM,
I don't believe the arrogant racist French who chose the Vietnamese over Khmers.


9:05AM. The situations in Cambodia today under Hun Sen, you and other Khmers cannot condemn Chey Chetha II and said he was a stupid man.

When Vietnamese took Champa showed they had a massive army already. How can Chetha II refuse to accept Vietnamese Princess as a wife, if he had no strong army and besides the country went to bankrupt since Siam sacked Angkor Wat?

You speak from your emotion not the reality.

Anonymous said...

Our Khmer ultra arrogant nationalists in the past like during between late 1800's and 1930's screwed up our country. They believed the Vietnamese who encouraged them to strive against the French, then the French hated Khmers, there the Vietnamese became the French favorite people.

Now Hun Sen was forced to tell his people "no to nuclear power.", and how he is going to stop them not to build suicide bombs if they know how?