Tuesday, January 14, 2014

«Il n’y a pas de crise politique au Cambodge»

Cheam Yeap est député du Parti du peuple cambodgien (PPC) et membre du comité permanent du parti du Premier ministre Hun Sen au Cambodge. Six mois après les élections législatives entachées d’irrégularités, qui ont vu la victoire du PPC sur le parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), aucune solution n’est en vue pour sortir de la paralysie. L’opposition continue de boycotter les travaux de l’Assemblée et appelle à la démission de du Premier ministre et à l’organisation de nouvelles élections. Le parti au pouvoir doit également faire face à la contestation des ouvriers des textiles qui exigent un doublement de leur salaire. Jamais le régime Hun Sen n’a été aussi contesté.
Comment sortir de la crise politique qui dure depuis plus de six mois maintenant au Cambodge ?
Il n’y a pas de crise politique. Nous travaillons selon la constitution cambodgienne. Aux législatives du 28 juillet, le PPC a remporté 68 des 123 sièges de l’Assemblée nationale. Pour faire fonctionner l’Assemblée et le gouvernement, il en faut 62. Le PPC a donc la majorité et gouverne.
Mais êtes-vous inquiet de voir que toute l’opposition, réunie pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1993, rassemble tant de monde dans des manifestations de masse?
Il n’y a aucune inquiétude de notre côté. Les manifestants ne sont pas 100 000 ou 200 000 comme on peut le lire, mais plutôt 30 000 à 40 000 au grand maximum. Ce n’est pas très massif. Les partis de l’opposition se sont certes réunis, mais le PPC a malgré tout remporté les élections. Il ne s’inquiète de rien. Ceux qui se plaignent et défilent sont très minoritaires. Je rappelle que le PPC a obtenu 3,2 millions de voix en juillet (contre 2,9 millions pour le Parti du sauvetage national du Cambodge, CNRP).
 
 
De nombreuses irrégularités ont été relevées lors du scrutin législatif.
Non, il y a eu quelques fautes, mais pas d’irrégularités massives. Il s’agit en fait de fautes techniques minimales. Si l’opposition fait des réclamations et conteste ce résultat, c’est parce qu’elle est dans une culture d’échec, la culture des perdants. Moi, je crois aux résultats de la Commission nationale des élections.
Le Parti du peuple cambodgien a réalisé l’un de ses plus mauvais scores aux législatives du 28 juillet. Doit-il changer ?
Le Premier ministre Hun Sen a entrepris des réformes très importantes, c’est-à-dire qu’il va changer le parti. Des responsables ont déjà été destitués. D’autres, qui n’ont pas fait leur travail, vont l’être dans les prochaines semaines.
Les revendications des ouvriers, qui réclament un doublement de leur salaire, vous semblent-elles justifiées ?
L’Etat n’est pas responsable de ça. Les salaires relèvent de la décision des patrons. L’Etat ne fait que coordonner les négociations. Passer d’un salaire de 80 à 160 dollars, c’est l’idée de Sam Rainsy. Mais avant de parler de ça, il faut penser à la rentabilité économique pour chaque entreprise.

Manifestation à Phnom Penh, le 29 décembre, menée par l'opposant Sam Rainsy (juché sur la voiture).
Manifestation à Phnom Penh, le 29 décembre, menée par l’opposant Sam Rainsy (juché sur la voiture). Photo Reuters





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