Source: InfoSud (Suisse)
2 octobre 12 - Bravant les tabous de sa société, Luon Sovath quadrille le Cambodge, des caméras incorporées à ses lunettes, pour témoigner en direct. Il a reçu mardi à Genève le prestigieux prix Martin Ennals destiné aux défenseurs des droits de l’homme.
Carole Vann/Infosud - « Avec des armes, ils ont sorti les familles, femmes et enfants, en les rouant de coups, les traînant par les cheveux, il y avait des cris, des pleurs, du sang. Les policiers tiraient dans la foule, les maisons étaient incendiées. C’était en 2009 à Chikreang, mon pays natal, dans la province de Siem Reap (ndlr : où se trouvent les temples d’Angkor). Les grandes compagnies voulaient s’emparer de nos terres. Mes parents étaient parmi les victimes, on leur a tout pris. » Le vénérable Luon Sovath – c’est ainsi qu’on nomme les bonzes au Cambodge – n’a pas attendu ce triste épisode pour s’échapper de sa pagode et partir soutenir les populations victimes du fléau qui gangrène le pays : les expulsions forcées. Maintes fois menacé d’emprisonnement ou de mort, il filme, à l’aide de son téléphone portable ou de caméras incorporées dans les montures de ses lunette, les violences à travers tout le pays.
Luon Sovat recevait hier à Genève le prix Martin Ennals 2012. Cette prestigieuse distinction, fruit d’une collaboration entre dix des plus importantes organisations internationales des droits de l’homme, vise à encourager les défenseurs en danger et qui ont besoin d’une protection immédiate. Un choix particulièrement pertinent alors que ce lundi, un journaliste, propriétaire d’une des seules radios indépendantes du Cambodge, Mam Sonando, vient d’être condamné à 20 ans de prison.
Un demi million de Cambodgiens chassés de chez eux
En dix ans, les évictions forcées ont touché des centaines de milliers de Cambodgiens, dans les villes comme dans les campagnes. La Licadho (Ligue Cambodgienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme) parle de plus de 420’000 victimes depuis 2003. A Phnom Penh, 10% de la population aurait été expulsée de force entre 1990 et 2011.
Ce pour laisser la place à de gigantesques centres commerciaux ou casinos. Les femmes, particulièrement exposées, sont menacées et emprisonnées lorsqu’elles tentent de résister, sans aucune protection de la loi.
Les familles sont alors parachutées de force hors de la ville, dans des terrains vagues, sans eau ni électricité ni égouts. Pas de travail, pas d’école, pas de centre médical ni de transports. Pas de titre de propriété non plus. L’Etat peut leur reprendre cette terre à tout moment.
Cette année, la mort d’une adolescente de quinze ans tuée par balles au Cambodge lors d’affrontements entre policiers et villageois pendant des évacuations forcées et l’arrestation de 13 femmes, dont une grand mère, qui refusaient de quitter leur logis ont défrayé la chronique. Elles ont écopé de plusieurs années de prison, mais elles ont été acquittées dans un deuxième procès, suite aux pressions internationales.
Dans les campagnes, le gouvernement a accordé plus de 30’000 km2 – deux tiers des terres agricoles – en concession aux investisseurs, essentiellement étrangers. Or 80% de la population cambodgienne est paysanne.
Des images sur internet
« Non seulement ils arrachent les terres aux populations pour les donner aux riches, mais en plus, c’est nous les pauvres qui nous retrouvons en prison », remarque Luon Sovath. « Je fais des images et je les diffuse sur internet pour que l’on sache ce qui se passe réellement chez nous. » On peut en effet voir sur youtube le bonze, muni de ses lunettes caméras, dans une manifestation, entouré de policiers déguisés en bonze qui l’obligent à monter dans une voiture. Luon Sovath résiste, s’agrippe pour ne pas monter à bord, tout en restant fidèle aux préceptes bouddhistes : le visage souriant et sans l’once d’une violence.
Pourtant, la violence, Luon Sovath la connaît depuis son jeune âge. « A l’époque, les Khmers rouges, puis les forces du gouvernement actuel venaient dans les villages pour enrôler les enfants de force. Nous nous cachions comme nous pouvions, dix jeunes de mon village et moi sommes partis nous dissimuler dans la pagode. » Il a ensuite pris l’habit, trouvant dans les préceptes de bouddha les fondements pour une justice sociale.
« Nous tremblons pour lui »
Mais aujourd’hui, Luon Sovath a été banni de son monastère : ses supérieurs l’ont trouvé trop remuant, ils ne veulent pas faire de vagues auprès des autorités. Dans cette société très conventionnelle, certains lui reprochent de violer les règles religieuses en prenant part aux protestations. « Ils disent que les moines doivent se limiter à prier dans les pagodes. Ils veulent m’empêcher de voir, d’entendre, de parler ? Pourtant tout ce que je fais est en harmonie avec les actions du bouddha qui a toujours aidé les démunis, qui n’est pas resté confiné à un lieu. » Aujourd’hui, ce sont les fidèles qui me protègent et me donnent logis, ainsi que les organisations de défense de droits de l’homme locales et internationales.
« Il a toujours défendu les droits de ses sujets, mais il ne les a jamais incités à la violence ni à l’illégalité », raconte Kek Galabru, présidente de la Licadho. L’organisation l’accueille régulièrement à Phnom Penh. « Beaucoup d’autres bonzes voudraient faire la même chose, mais ils ont peur. Luon Sovath a été arrêté plusieurs fois, on lui a fait signer des papiers où il s’engageait à ne plus participer à des manifestations. Mais à peine libéré, il retournait filmer et photographier. Sa présence rassure les populations. Les autorités voudraient le défroquer car, tant qu’il a l’habit, ce serait très mal vu de l’emprisonner. Les religieux, c’est sacré ici. Mais on ne sait pas ce qui pourrait arriver, nous tremblons pour lui. »

6 comments:
BRAVO! Luon Savath!
You are a fantastic monk in Cambodia
and the world.
May God Buddha bless you.
9:51 AM
Buddha is not God, and monk Loun Savath does not practice his Buddha's teachings either. He is a brave Khmer nationalist, and if he follows his Buddha he would not engage with politics.
Heng Pov used to be Hun's right hand man but because he did not like Hun's dirty work, he tried to escape but sadly got caught soon after and was brutally beaten by Hun and his clan. Heng Pov exposed about the Hun and Lundy's dirty work of 97 grenade attacked. Now Heng Pov is paying the price for telling the truth. News just arrived that, Heng Pov is now severely beaten to the max until he lost consciousness and has reached a mental state disorder. I would like to call upon the international community to find justice for Heng Pov and a number of other activists. Please, have some mercy for our khmer intelligent and save our nation from this Hun monster and his clan. Please do something before it is too late 'the evil will win if the good do nothing'. Come on together lets rise! KR is still continue to exist within Hun's blood. This is how it was done during Pol Pot time, they eliminate all of the intellectuals, to shut them up so that they can still hold onto their power. This must be stopped, we can not tolerate such a behaviour in this 21st century.
9:51 am
All Indian men who became Buddhas all dead. They are never resurrected, never performed miracles after their deaths, how can they be gods? They cannot hear you.
God is Almighty force/soul/spirit. He manifested or incarnated to a flesh(human), He will die but He will resurrect (rise from the death or defeats death), He performs miracles working through humans whom He chose to heal the people who ask and pray Him.
Where are your Indian gods (Buddhas) now whom you all worshiping bowing for 800 years and 800 years of sufferings?
The nation from the Empire to a no land left by your Indian gods, still don't see it.
If those Indian Buddhas are Gods, why were they dead and why cannot they perform miracles to save Tibet and Cambodia or Laos, etc..?
Loun Savath is a just brave man, a true Khmer nationalist inside Buddhist monk robe, but he follows no Buddhas. If does he would walk away or go into the jungle or on the mountain to meditate.
If GOD is on Khmers' side or if GOD Bless Cambodia, why are Khmers remaining under control by the same Yuon since 1600's, and those Yuon are majority Christians (Catholic denomination)?
It means the Indian Buddhas were just good or holy men not Gods nor can they have power to face GOD.
If those Indian men are Gods then Loun Savath will become Buddha, and soon he will be God?
Remember Khmer empire built by Hindu Kings, then Buddhism came and destroyed it.
Khmers Abandoned GOD so GOD Abandoned Khmers.
9:56 AM,
You are full of stinky shit!
I bet Jesus is your fucking God!
3:03 AM
"Khmers Abandoned GOD so GOD Abandoned Khmers."
That is full of bullshit!
Your God cannot even save your ass, can he?
Is he not doing it, even though you believe in him, because you are a Khmer and the Khmers abandoned him?
You had better tell Mr. Khmer Israel and all the Khmer Christians that shit logic of yours.
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