KI-Media note: Luc Sâr is currently working on an English translation of this article.
mercredi 14 janvier 2009
par Emmanuel Deslouis
Eurasie.net
« Il faut faire du Cambodge un état de droit »
Chef de l’opposition au Cambodge, le député Sam Rainsy a publié l’année dernière son autobiographie "Des racines dans la pierre". Un récit très direct qui éclaire les soubresauts du Cambodge de ces cinquante dernières années. Sam Rainsy a accepté de nous en parler en détail, et d’évoquer sans tabou tous les problèmes qui rongent ce pays magnifique.
Eurasie : Comment vos détracteurs vous dépeignent-ils au Cambodge ?
Sam Rainsy : Le PPC, le parti du premier ministre Hun Sen, dit que je vais amener le bouleversement. Ils veulent effrayer les gens en les menaçant « Si Sam Rainsy vient au pouvoir, cela va tout bouleverser ». Il est vrai que je suis contre le pouvoir actuel et le statu quo synonyme d’injustice. Quand j’avance une réforme agraire, on dit que Sam Rainsy va prendre aux riches pour donner aux pauvres, nivelant tout le monde par le bas "comme sous Pol Pot", alors que je veux seulement donner la terre à ceux qui la cultivent. Entre paysans affamés d’un côté et nouveaux seigneurs féodaux et spéculateurs fonciers de l’autre, je soutiens le camp des premiers. Mais le PPC m’accuse d’être un "incitateur" derrière les "fauteurs de troubles".
Eurasie : Quels sont les piliers de votre électorat ?
Sam Rainsy : Les paysans sans terre et les ouvriers. Ils sont très maltraités et exploités. Les plus défavorisés soutiennent généralement mon parti. Mais il y en a aussi qui soutiennent le parti de Hun Sen : La plupart du temps, ce n’est pas leur esprit qui adhère au PPC, mais leur estomac. Tellement pauvres qu’ils vivent au jour le jour. Ils écoutent Hun Sen qui leur dit « Sam Rainsy ne vous donne rien à manger, nous, nous vous offrons un sac de riz qui va vous permettre de vivre plusieurs jours ». Je répondrai que mon parti n’offre pas de sac de riz mais une vision et un espoir. Cela n’empêche pas qu’auprès de gens très pauvres, mon discours ne prend pas toujours, alors Hun Sen arrive à les « attraper ».
Eurasie : Quel électorat captez-vous le mieux ?
Sam Rainsy : Les jeunes et les milieux éduqués. Des études montrent aussi que lorsque le niveau de vie s’élève, les gens votent davantage pour nous que pour le parti au pouvoir. Ils votent alors non plus avec l’estomac mais avec leur tête ou… avec le cœur.
Eurasie : Qu’est-ce qu’on apprécie chez vous au Cambodge ?
Sam Rainsy : Peut-être le courage de s’opposer à des forces dominantes et la fidélité à des principes. Des gens nous disent « Pourquoi se cogner à une pierre ? ». L’Etat-PPC a tout (argent, force armée, pouvoir). Pourquoi persévérer contre eux ? Parce que nous devons maintenir nos convictions et nos principes, malgré les assassinats, la prison, l’exil de militants. Et ça marche : le nombre de nos voix, de nos bulletins, continue d’augmenter d’une élection à l’autre malgré les intimidations, la triche et les achats de votes, et cela depuis plus de dix ans.
Eurasie : Lutter contre la corruption au Cambodge, quand on est ministre des finances, c’est comme vider l’océan à la petite cuillère, non ?
Sam Rainsy : C’est très dur, ça risque de prendre beaucoup de temps, mais je ne désespère pas. Ceci dit, se confronter à la force brutale et à ce mur de l’argent, c’est très difficile, mais j’espère réussir durant mon existence.
Eurasie : L’attentat est une autre façon de faire de la politique au Cambodge ces dernières années. Vous et vos supporters l’avez douloureusement expérimenté. Comment expliquez-vous cette impunité ?
Sam Rainsy : Cela vient du traumatisme consécutif au génocide perpétré par les Khmers rouges. Quand ils massacraient les gens par milliers. Les gens ont vu des tueries à grande échelle. Traumatisés, terrorisés, ils se taisent. Toutes ces horreurs ont eu lieu en toute impunité. Et le régime actuel est constitué d’anciens Khmers rouges.
Eurasie : Croyez-vous que le tribunal khmer rouge va aboutir à quelque chose de constructif ?
Sam Rainsy : S’il aboutit rapidement, peut être. Sinon… vous savez, dans dix ans, les principaux suspects, déjà âgés, seront tous morts, alors le gouvernement laissera juger des morts. Ce sera un travail d’histoire, non plus judiciaire. Si le jugement arrive vite, cela risque d’éclabousser des gens, des dirigeants jusqu’aux chefs de district du temps de Pol Pot qui occupent des positions beaucoup plus élevées maintenant. Ceux-ci ont peur d’un vrai tribunal qui progresse vite. Le gouvernement fait donc traîner les choses pour retarder la procédure judiciaire. Et je pense que la communauté internationale commence à s’en rendre compte !
Eurasie : Il y a bien eu Nuremberg en Allemagne.
Sam Rainsy : Oui, car la situation n’était pas la même. Imaginez l’Allemagne au lendemain de la guerre avec tous ses anciens chefs, à l’exception de Hitler, toujours au pouvoir, y aurait-il eu Nuremberg ? Non, il y aurait eu un simulacre de procès, comme au Cambodge aujourd’hui.
Eurasie : Pensez-vous comme le père Ponchaud que ce procès est incomplet puisqu’on ne juge pas les grandes puissances qui ont appuyé le régime ?
Sam Rainsy : A mon avis, il faut cerner, baliser l’accusation, sinon on ne peut rien faire. Il faut identifier les cerveaux et des échelons juste en-dessous, comme les commandants de région. Juger les Américains, l’Occident, l’Asean, qui les ont soutenu après, ce n’est pas la même chose. Il faut se concentrer sur 1975-1979.
Eurasie : Dans votre autobiographie, on suit vos sentiments changeants à l’égard de Norodom Sihanouk. D’abord révolté, lorsqu’il écarte sans ménagement votre père et qu’il fait mettre en prison votre mère, puis admiratif dans les années 1980, lorsqu’il fait figure de rassembleur. Rétrospectivement, que pensez-vous aujourd’hui de son attitude ?
Sam Rainsy : C’est un personnage complexe qui a su naviguer sur des mers agitées et par des temps difficiles. Qui a vu juste pour certaines choses mais qui s’est trompé pour beaucoup de choses. Il le reconnaît lui-même. Il avait dit « Celui qui peut rouler Sihanouk n’est pas encore né ». Il s’est trompé car il aurait pu reconquérir le pouvoir et préserver le Cambodge d’un PPC au service de l’étranger et de la mafia. Mais il est aujourd’hui un roi-père impuissant devant Hun Sen qui fait ce qu’il veut. Globalement, il n’a pas su manœuvrer comme il aurait pu pour asseoir la démocratie au Cambodge, comme le prévoyaient les Accords de Paris. Les non-communistes se sont faits avoir par les communistes ou néo-communistes mafiosi. Quand Sihanouk a voulu revenir au pouvoir, Hun Sen a refusé, et son fils Ranariddh, aussi. Ce dernier est d’ailleurs le principal fautif, il a laissé échapper cette occasion par incompétence et corruption.
Eurasie : Quelles qualités trouvez-vous à Sihanouk ?
Sam Rainsy : Son patriotisme intransigeant et sa probité. C’est pour cela que je le respecte.
Eurasie : A force de vouloir faire des compromis, d’abord en prenant le parti des khmers rouges puis en ménageant Hun Sen n’a-t-il pas poussé le pays vers le chaos ?
Sam Rainsy : Sihanouk est resté dans ses habitudes, selon lesquelles il était le père de tout le monde, qu’il pouvait réunir tout le monde. Quand il était roi, c’était le cas. Il pouvait être le grand rassembleur. Mais quand il a pensé pouvoir faire la même chose avec Hun Sen et le PPC, il a donné des titres royaux à des anciens communistes, pensant intégrer ces personnages sous son aile. Mais ça n’a pas marché. De ce point de vue, il s’est trompé. Le monde a changé, il s’est trompé d’époque.
Eurasie : Tout comme au Vietnam et au Laos, le Cambodge est encore sous la coupe de dirigeants communistes des années 1980. Et ce malgré l’échec patent de leur politique. A quoi attribuez-vous cela ?
Sam Rainsy : Il y a une corrélation étroite entre dictature et échec économique. Si vous prenez les pays qui ont les mêmes dirigeants au pouvoir depuis des décennies, ce sont généralement les plus pauvres. Il n’y a pas de possibilités de changement. Les abus et la corruption, c’est ça qui fait que ces pays restent arriérés. A l’inverse d’une bonne gouvernance, d’un état de droit. Ce n’est pas forcément une question d’idéologie. Ce sont des hommes qui se cramponnent au pouvoir. C’est un cercle vicieux : puisqu’ils ont commis des méfaits pendant les premières années, ils doivent se maintenir au pouvoir sinon ils perdent tout. Jusqu’au jour où tout explose.
Eurasie : Il y a quelques années, l’actrice Piseth Pilika a été assassinée en plein Phnom Penh et en pleine journée. On a su le fond de l’affaire, non par la presse cambodgienne, mais par la française : de hauts dirigeants seraient impliqués. La crainte était trop forte de dénoncer publiquement par peur de représailles. Les médias sont-ils toujours muselés ou y a-t-il une ouverture ?
Sam Rainsy : Il faut distinguer deux sortes de médias : la presse écrite et l’audiovisuel. Dans la presse, il n’y a pas de censure mais des assassinats de temps en temps ! Vous constatez donc qu’il y a une presse relativement libre, même si cela se fait à ses risques et périls. C’est la façade démocratique car la presse écrite atteint à peine 1 % de la population. Le plus fort tirage ne dépasse pas 20 000 exemplaires. Le principal journal : Rasmei Kampuchea, « lumière du Cambodge », journal du PPC. Sinon, il y a environ deux cents titres et la plupart sont tirés à une centaine d’exemplaires. Si on touche, dans ces conditions, seulement 1 %, autant dire que ce n’est rien.
Eurasie : Et l’audiovisuel ?
Sam Rainsy : Les médias sont contrôlés par le parti au pouvoir. Il y a sept chaînes de télévision, toutes directement ou indirectement contrôlées par le PPC. Il y a environ 3 radios sur une vingtaine, qui sont relativement indépendantes. Mais elles ne couvrent pas tout le pays. Donc, quand on parle des médias, le tableau est trompeur.
Eurasie : Il y a actuellement un conflit entre le Cambodge et la Thaïlande à propos d’un temple à la frontière des deux pays, Preah Vihear. Chacun le revendique. Sans entrer dans les détails ni les arguments des uns et des autres, ne croyez-vous pas que le conflit a été instrumentalisé du côté thaï comme du cambodgien par Hun Sen à des fins électorales. En déchaînant la fibre nationaliste, ce dernier a fait oublier tous ses défauts le temps de la campagne électorale pour les législatives ?
Sam Rainsy : Oui, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas dites. Chacun défend les intérêts de son pays, au nom de causes nobles. Les Thaïlandais savent s’adapter. Pendant la colonisation, pour contrer les Français, ils ont bénéficié du soutien des Britanniques. Pendant la seconde guerre mondiale, ils se sont alliés aux Japonais. Ils savent s’adapter pour l’union nationale, la tension actuelle peut aider les Thaïs à se rassembler et à refaire leur unité.
Eurasie : et pour le Cambodge ?
Sam Rainsy : C’est clair et net, on cherche à créer une tension avec un pays limitrophe. Ainsi, rappelez-vous qu’en janvier 2003, juste avant les législatives de juillet de la même année, il y a eu des émeutes contre les Thaïs. Ensuite, Thaksin et Hun Sen ont conclu un deal. Le premier veut lancer un projet de développement à Koh Kong.
Eurasie : Dans quel but ?
Sam Rainsy : Probablement pour avoir une base politique avant de reprendre le pouvoir en Thaïlande. Il a donné de fausses assurances à Hun Sen, notamment à propos du temple de Preah Vihear. Pour Hun Sen, c’est commode, cela permet de détourner les problèmes de l’est (le Vietnam) vers l’ouest (La Thaïlande).
Eurasie : Vraiment ?
Sam Rainsy : Oui, il y a des problèmes frontaliers entre le Vietnam et le Cambodge. Les Vietnamiens grignotent le territoire cambodgien me disent les paysans des provinces de l’est que j’ai rencontrés en tant que député. Hun Sen ne veut pas qu’on en parle, sous menace de « cercueils » pour les bavards. Eh oui, Hun Sen reste sous l’influence vietnamienne, discrète mais solide. Il y a toujours des conseillers vietnamiens. Même ceux des années 1980 restent dans l’entourage de Hun Sen. D’ailleurs, pour un oui ou pour un non, il prend son hélicoptère pour le Vietnam, c’est à quelques dizaines de km de sa résidence.
Eurasie : Donc, le Cambodge est grignoté par le Vietnam et la Thaïlande ?
Sam Rainsy : Au fil des siècles, nos deux voisins de l’est et de l’ouest ont voulu avaler le Cambodge. On aurait disparu sans l’intervention de la France en 1863. C’est le roi Ang Duong qui a fait appel à Napoléon III. Vietnam et Thaïlande (ou Siam) se sont souvent battus par cambodgiens interposés.
Eurasie : Votre parti politique a remporté la seconde place en terme de sièges derrière le PPC de Hun Sen en juillet dernier. Comment analysez-vous ce résultat ?
Sam Rainsy : Lisez le rapport final de la mission européenne. En un mot : ces élections ne sont pas conformes aux normes internationales. On ne peut être plus clair. Les résultats seraient beaucoup plus favorables à l’opposition que nous représentons si les élections étaient plus honnêtes. Il y a un ras-le-bol général qui va à l’encontre du PPC.
Eurasie : Quel bilan tirez-vous de vos années passées au gouvernement ?
Sam Rainsy : Toutes les réformes essentielles sont restées lettre morte.
Eurasie : Comment décririez-vous le personnage de Hun Sen ?
Sam Rainsy : Un animal politique qui a très bien réussi à une chose : survivre à la tête de l’état cambodgien. Son génie : la survie en se cramponnant au pouvoir par des intrigues politiques qu’il résout avec une main de fer, et cela depuis presque 30 ans. Mieux que ses maîtres vietnamiens. En contrepartie, quand vous n’avez que cette ambition, rester au pouvoir pour l’impunité qu’il procure, c’est catastrophique pour le pays, le grand petit chef n’a aucune vision pour le Cambodge. L’intérêt d’un homme ne se confond pas avec les intérêts du pays.
Eurasie : Quelle action entendez-vous avoir désormais au Parlement ?
Sam Rainsy : Agir par tous les moyens légaux, démocratiques, pacifiques, législatifs… ça va être difficile puisqu’on ne nous accorde aucun droit. Mais je pense que ce régime va imploser, une implosion précipitée par la crise internationale. C’est beaucoup plus grave qu’on ne le pense. Personne n’est l’abri d’une tempête mondiale surtout quand on est un petit pays très dépendant du reste du monde comme le Cambodge. Surtout aussi quand ce pays est géré comme il l’est. Il y a déjà une crise immobilière qui s’aggrave au fil des mois. Le vent tourne, les prix agricoles et les revenus des paysans s’effondrent, les chantiers s’arrêtent, les usines ferment. Chez les tenants de l’establishment, il n’y a qu’une unité de façade, ils vont se dévorer entre eux quand la crise économique va se dégénérer en crise sociale et politique. Parfois, il y a des révélateurs dans l’histoire, cette crise en est sûrement un.
Eurasie : Dans votre livre, on sent combien votre engagement politique et celui de votre femme est important. Comment vos enfants voient-ils votre engagement politique ?
Sam Rainsy : Cela varie selon mes trois enfants. L’aîné a suivi notre cheminement depuis le tout début, il comprend. La cadette a été plutôt traumatisée, elle est restée en France loin de nous. La troisième, qui nous a suivi au Cambodge, en a retiré une expérience forte de la vie. Elle est la plus attachée au Cambodge, elle y a vécu de 5 à 15 ans.
Eurasie : N’avez-vous pas la tentation de revenir en France, vu l’ampleur de votre tâche ?
Sam Rainsy : J’ai une mission à remplir au Cambodge. Mais je reconnais que quand je suis en France, je me sens bien car c’est un état de droit. Quand on n’y vit pas tout le temps, on ne s’en rend pas compte. Mon but : faire du Cambodge un état de droit. Ne plus avoir peur, ne plus se courber, l’égalité devant la loi, les mêmes droits pour tous. En France, on se sent en sécurité, on a confiance, on a de l’espoir. Ce qu’on a pas au Cambodge.
Propos recueillis par Emmanuel Deslouis
mercredi 14 janvier 2009
par Emmanuel Deslouis
Eurasie.net
« Il faut faire du Cambodge un état de droit »
Chef de l’opposition au Cambodge, le député Sam Rainsy a publié l’année dernière son autobiographie "Des racines dans la pierre". Un récit très direct qui éclaire les soubresauts du Cambodge de ces cinquante dernières années. Sam Rainsy a accepté de nous en parler en détail, et d’évoquer sans tabou tous les problèmes qui rongent ce pays magnifique.
Eurasie : Comment vos détracteurs vous dépeignent-ils au Cambodge ?
Sam Rainsy : Le PPC, le parti du premier ministre Hun Sen, dit que je vais amener le bouleversement. Ils veulent effrayer les gens en les menaçant « Si Sam Rainsy vient au pouvoir, cela va tout bouleverser ». Il est vrai que je suis contre le pouvoir actuel et le statu quo synonyme d’injustice. Quand j’avance une réforme agraire, on dit que Sam Rainsy va prendre aux riches pour donner aux pauvres, nivelant tout le monde par le bas "comme sous Pol Pot", alors que je veux seulement donner la terre à ceux qui la cultivent. Entre paysans affamés d’un côté et nouveaux seigneurs féodaux et spéculateurs fonciers de l’autre, je soutiens le camp des premiers. Mais le PPC m’accuse d’être un "incitateur" derrière les "fauteurs de troubles".
Eurasie : Quels sont les piliers de votre électorat ?
Sam Rainsy : Les paysans sans terre et les ouvriers. Ils sont très maltraités et exploités. Les plus défavorisés soutiennent généralement mon parti. Mais il y en a aussi qui soutiennent le parti de Hun Sen : La plupart du temps, ce n’est pas leur esprit qui adhère au PPC, mais leur estomac. Tellement pauvres qu’ils vivent au jour le jour. Ils écoutent Hun Sen qui leur dit « Sam Rainsy ne vous donne rien à manger, nous, nous vous offrons un sac de riz qui va vous permettre de vivre plusieurs jours ». Je répondrai que mon parti n’offre pas de sac de riz mais une vision et un espoir. Cela n’empêche pas qu’auprès de gens très pauvres, mon discours ne prend pas toujours, alors Hun Sen arrive à les « attraper ».
Eurasie : Quel électorat captez-vous le mieux ?
Sam Rainsy : Les jeunes et les milieux éduqués. Des études montrent aussi que lorsque le niveau de vie s’élève, les gens votent davantage pour nous que pour le parti au pouvoir. Ils votent alors non plus avec l’estomac mais avec leur tête ou… avec le cœur.
Eurasie : Qu’est-ce qu’on apprécie chez vous au Cambodge ?
Sam Rainsy : Peut-être le courage de s’opposer à des forces dominantes et la fidélité à des principes. Des gens nous disent « Pourquoi se cogner à une pierre ? ». L’Etat-PPC a tout (argent, force armée, pouvoir). Pourquoi persévérer contre eux ? Parce que nous devons maintenir nos convictions et nos principes, malgré les assassinats, la prison, l’exil de militants. Et ça marche : le nombre de nos voix, de nos bulletins, continue d’augmenter d’une élection à l’autre malgré les intimidations, la triche et les achats de votes, et cela depuis plus de dix ans.
Eurasie : Lutter contre la corruption au Cambodge, quand on est ministre des finances, c’est comme vider l’océan à la petite cuillère, non ?
Sam Rainsy : C’est très dur, ça risque de prendre beaucoup de temps, mais je ne désespère pas. Ceci dit, se confronter à la force brutale et à ce mur de l’argent, c’est très difficile, mais j’espère réussir durant mon existence.
Eurasie : L’attentat est une autre façon de faire de la politique au Cambodge ces dernières années. Vous et vos supporters l’avez douloureusement expérimenté. Comment expliquez-vous cette impunité ?
Sam Rainsy : Cela vient du traumatisme consécutif au génocide perpétré par les Khmers rouges. Quand ils massacraient les gens par milliers. Les gens ont vu des tueries à grande échelle. Traumatisés, terrorisés, ils se taisent. Toutes ces horreurs ont eu lieu en toute impunité. Et le régime actuel est constitué d’anciens Khmers rouges.
Eurasie : Croyez-vous que le tribunal khmer rouge va aboutir à quelque chose de constructif ?
Sam Rainsy : S’il aboutit rapidement, peut être. Sinon… vous savez, dans dix ans, les principaux suspects, déjà âgés, seront tous morts, alors le gouvernement laissera juger des morts. Ce sera un travail d’histoire, non plus judiciaire. Si le jugement arrive vite, cela risque d’éclabousser des gens, des dirigeants jusqu’aux chefs de district du temps de Pol Pot qui occupent des positions beaucoup plus élevées maintenant. Ceux-ci ont peur d’un vrai tribunal qui progresse vite. Le gouvernement fait donc traîner les choses pour retarder la procédure judiciaire. Et je pense que la communauté internationale commence à s’en rendre compte !
Eurasie : Il y a bien eu Nuremberg en Allemagne.
Sam Rainsy : Oui, car la situation n’était pas la même. Imaginez l’Allemagne au lendemain de la guerre avec tous ses anciens chefs, à l’exception de Hitler, toujours au pouvoir, y aurait-il eu Nuremberg ? Non, il y aurait eu un simulacre de procès, comme au Cambodge aujourd’hui.
Eurasie : Pensez-vous comme le père Ponchaud que ce procès est incomplet puisqu’on ne juge pas les grandes puissances qui ont appuyé le régime ?
Sam Rainsy : A mon avis, il faut cerner, baliser l’accusation, sinon on ne peut rien faire. Il faut identifier les cerveaux et des échelons juste en-dessous, comme les commandants de région. Juger les Américains, l’Occident, l’Asean, qui les ont soutenu après, ce n’est pas la même chose. Il faut se concentrer sur 1975-1979.
Eurasie : Dans votre autobiographie, on suit vos sentiments changeants à l’égard de Norodom Sihanouk. D’abord révolté, lorsqu’il écarte sans ménagement votre père et qu’il fait mettre en prison votre mère, puis admiratif dans les années 1980, lorsqu’il fait figure de rassembleur. Rétrospectivement, que pensez-vous aujourd’hui de son attitude ?
Sam Rainsy : C’est un personnage complexe qui a su naviguer sur des mers agitées et par des temps difficiles. Qui a vu juste pour certaines choses mais qui s’est trompé pour beaucoup de choses. Il le reconnaît lui-même. Il avait dit « Celui qui peut rouler Sihanouk n’est pas encore né ». Il s’est trompé car il aurait pu reconquérir le pouvoir et préserver le Cambodge d’un PPC au service de l’étranger et de la mafia. Mais il est aujourd’hui un roi-père impuissant devant Hun Sen qui fait ce qu’il veut. Globalement, il n’a pas su manœuvrer comme il aurait pu pour asseoir la démocratie au Cambodge, comme le prévoyaient les Accords de Paris. Les non-communistes se sont faits avoir par les communistes ou néo-communistes mafiosi. Quand Sihanouk a voulu revenir au pouvoir, Hun Sen a refusé, et son fils Ranariddh, aussi. Ce dernier est d’ailleurs le principal fautif, il a laissé échapper cette occasion par incompétence et corruption.
Eurasie : Quelles qualités trouvez-vous à Sihanouk ?
Sam Rainsy : Son patriotisme intransigeant et sa probité. C’est pour cela que je le respecte.
Eurasie : A force de vouloir faire des compromis, d’abord en prenant le parti des khmers rouges puis en ménageant Hun Sen n’a-t-il pas poussé le pays vers le chaos ?
Sam Rainsy : Sihanouk est resté dans ses habitudes, selon lesquelles il était le père de tout le monde, qu’il pouvait réunir tout le monde. Quand il était roi, c’était le cas. Il pouvait être le grand rassembleur. Mais quand il a pensé pouvoir faire la même chose avec Hun Sen et le PPC, il a donné des titres royaux à des anciens communistes, pensant intégrer ces personnages sous son aile. Mais ça n’a pas marché. De ce point de vue, il s’est trompé. Le monde a changé, il s’est trompé d’époque.
Eurasie : Tout comme au Vietnam et au Laos, le Cambodge est encore sous la coupe de dirigeants communistes des années 1980. Et ce malgré l’échec patent de leur politique. A quoi attribuez-vous cela ?
Sam Rainsy : Il y a une corrélation étroite entre dictature et échec économique. Si vous prenez les pays qui ont les mêmes dirigeants au pouvoir depuis des décennies, ce sont généralement les plus pauvres. Il n’y a pas de possibilités de changement. Les abus et la corruption, c’est ça qui fait que ces pays restent arriérés. A l’inverse d’une bonne gouvernance, d’un état de droit. Ce n’est pas forcément une question d’idéologie. Ce sont des hommes qui se cramponnent au pouvoir. C’est un cercle vicieux : puisqu’ils ont commis des méfaits pendant les premières années, ils doivent se maintenir au pouvoir sinon ils perdent tout. Jusqu’au jour où tout explose.
Eurasie : Il y a quelques années, l’actrice Piseth Pilika a été assassinée en plein Phnom Penh et en pleine journée. On a su le fond de l’affaire, non par la presse cambodgienne, mais par la française : de hauts dirigeants seraient impliqués. La crainte était trop forte de dénoncer publiquement par peur de représailles. Les médias sont-ils toujours muselés ou y a-t-il une ouverture ?
Sam Rainsy : Il faut distinguer deux sortes de médias : la presse écrite et l’audiovisuel. Dans la presse, il n’y a pas de censure mais des assassinats de temps en temps ! Vous constatez donc qu’il y a une presse relativement libre, même si cela se fait à ses risques et périls. C’est la façade démocratique car la presse écrite atteint à peine 1 % de la population. Le plus fort tirage ne dépasse pas 20 000 exemplaires. Le principal journal : Rasmei Kampuchea, « lumière du Cambodge », journal du PPC. Sinon, il y a environ deux cents titres et la plupart sont tirés à une centaine d’exemplaires. Si on touche, dans ces conditions, seulement 1 %, autant dire que ce n’est rien.
Eurasie : Et l’audiovisuel ?
Sam Rainsy : Les médias sont contrôlés par le parti au pouvoir. Il y a sept chaînes de télévision, toutes directement ou indirectement contrôlées par le PPC. Il y a environ 3 radios sur une vingtaine, qui sont relativement indépendantes. Mais elles ne couvrent pas tout le pays. Donc, quand on parle des médias, le tableau est trompeur.
Eurasie : Il y a actuellement un conflit entre le Cambodge et la Thaïlande à propos d’un temple à la frontière des deux pays, Preah Vihear. Chacun le revendique. Sans entrer dans les détails ni les arguments des uns et des autres, ne croyez-vous pas que le conflit a été instrumentalisé du côté thaï comme du cambodgien par Hun Sen à des fins électorales. En déchaînant la fibre nationaliste, ce dernier a fait oublier tous ses défauts le temps de la campagne électorale pour les législatives ?
Sam Rainsy : Oui, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas dites. Chacun défend les intérêts de son pays, au nom de causes nobles. Les Thaïlandais savent s’adapter. Pendant la colonisation, pour contrer les Français, ils ont bénéficié du soutien des Britanniques. Pendant la seconde guerre mondiale, ils se sont alliés aux Japonais. Ils savent s’adapter pour l’union nationale, la tension actuelle peut aider les Thaïs à se rassembler et à refaire leur unité.
Eurasie : et pour le Cambodge ?
Sam Rainsy : C’est clair et net, on cherche à créer une tension avec un pays limitrophe. Ainsi, rappelez-vous qu’en janvier 2003, juste avant les législatives de juillet de la même année, il y a eu des émeutes contre les Thaïs. Ensuite, Thaksin et Hun Sen ont conclu un deal. Le premier veut lancer un projet de développement à Koh Kong.
Eurasie : Dans quel but ?
Sam Rainsy : Probablement pour avoir une base politique avant de reprendre le pouvoir en Thaïlande. Il a donné de fausses assurances à Hun Sen, notamment à propos du temple de Preah Vihear. Pour Hun Sen, c’est commode, cela permet de détourner les problèmes de l’est (le Vietnam) vers l’ouest (La Thaïlande).
Eurasie : Vraiment ?
Sam Rainsy : Oui, il y a des problèmes frontaliers entre le Vietnam et le Cambodge. Les Vietnamiens grignotent le territoire cambodgien me disent les paysans des provinces de l’est que j’ai rencontrés en tant que député. Hun Sen ne veut pas qu’on en parle, sous menace de « cercueils » pour les bavards. Eh oui, Hun Sen reste sous l’influence vietnamienne, discrète mais solide. Il y a toujours des conseillers vietnamiens. Même ceux des années 1980 restent dans l’entourage de Hun Sen. D’ailleurs, pour un oui ou pour un non, il prend son hélicoptère pour le Vietnam, c’est à quelques dizaines de km de sa résidence.
Eurasie : Donc, le Cambodge est grignoté par le Vietnam et la Thaïlande ?
Sam Rainsy : Au fil des siècles, nos deux voisins de l’est et de l’ouest ont voulu avaler le Cambodge. On aurait disparu sans l’intervention de la France en 1863. C’est le roi Ang Duong qui a fait appel à Napoléon III. Vietnam et Thaïlande (ou Siam) se sont souvent battus par cambodgiens interposés.
Eurasie : Votre parti politique a remporté la seconde place en terme de sièges derrière le PPC de Hun Sen en juillet dernier. Comment analysez-vous ce résultat ?
Sam Rainsy : Lisez le rapport final de la mission européenne. En un mot : ces élections ne sont pas conformes aux normes internationales. On ne peut être plus clair. Les résultats seraient beaucoup plus favorables à l’opposition que nous représentons si les élections étaient plus honnêtes. Il y a un ras-le-bol général qui va à l’encontre du PPC.
Eurasie : Quel bilan tirez-vous de vos années passées au gouvernement ?
Sam Rainsy : Toutes les réformes essentielles sont restées lettre morte.
Eurasie : Comment décririez-vous le personnage de Hun Sen ?
Sam Rainsy : Un animal politique qui a très bien réussi à une chose : survivre à la tête de l’état cambodgien. Son génie : la survie en se cramponnant au pouvoir par des intrigues politiques qu’il résout avec une main de fer, et cela depuis presque 30 ans. Mieux que ses maîtres vietnamiens. En contrepartie, quand vous n’avez que cette ambition, rester au pouvoir pour l’impunité qu’il procure, c’est catastrophique pour le pays, le grand petit chef n’a aucune vision pour le Cambodge. L’intérêt d’un homme ne se confond pas avec les intérêts du pays.
Eurasie : Quelle action entendez-vous avoir désormais au Parlement ?
Sam Rainsy : Agir par tous les moyens légaux, démocratiques, pacifiques, législatifs… ça va être difficile puisqu’on ne nous accorde aucun droit. Mais je pense que ce régime va imploser, une implosion précipitée par la crise internationale. C’est beaucoup plus grave qu’on ne le pense. Personne n’est l’abri d’une tempête mondiale surtout quand on est un petit pays très dépendant du reste du monde comme le Cambodge. Surtout aussi quand ce pays est géré comme il l’est. Il y a déjà une crise immobilière qui s’aggrave au fil des mois. Le vent tourne, les prix agricoles et les revenus des paysans s’effondrent, les chantiers s’arrêtent, les usines ferment. Chez les tenants de l’establishment, il n’y a qu’une unité de façade, ils vont se dévorer entre eux quand la crise économique va se dégénérer en crise sociale et politique. Parfois, il y a des révélateurs dans l’histoire, cette crise en est sûrement un.
Eurasie : Dans votre livre, on sent combien votre engagement politique et celui de votre femme est important. Comment vos enfants voient-ils votre engagement politique ?
Sam Rainsy : Cela varie selon mes trois enfants. L’aîné a suivi notre cheminement depuis le tout début, il comprend. La cadette a été plutôt traumatisée, elle est restée en France loin de nous. La troisième, qui nous a suivi au Cambodge, en a retiré une expérience forte de la vie. Elle est la plus attachée au Cambodge, elle y a vécu de 5 à 15 ans.
Eurasie : N’avez-vous pas la tentation de revenir en France, vu l’ampleur de votre tâche ?
Sam Rainsy : J’ai une mission à remplir au Cambodge. Mais je reconnais que quand je suis en France, je me sens bien car c’est un état de droit. Quand on n’y vit pas tout le temps, on ne s’en rend pas compte. Mon but : faire du Cambodge un état de droit. Ne plus avoir peur, ne plus se courber, l’égalité devant la loi, les mêmes droits pour tous. En France, on se sent en sécurité, on a confiance, on a de l’espoir. Ce qu’on a pas au Cambodge.
Propos recueillis par Emmanuel Deslouis
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one thing i really like about this newly formed opponent party is that they give a lot of interviews which is a good practice in gov't and candidate in a true democracy way. yes, in case people in cambodia is not aware, giving interviews to a leader encourage him/her to walk in the right path; thus, they cannot hide something people see as deviate from policy or promises. this is a good trait to have in the cambodian gov't system as well. god bless cambodia.
please translate both in english and french, si vous plait! merci.
Ok... this time in French
C'est tout simplement aberrant de constater que M. Rainsy donne des discours tout à fait différent d'un pays à un autre.J'habitais pendant un certain temps au Cambodge 2006, 2007, 2008. Et Je n'ai jamais entendu ce fameux discours..
Prendre aux riches pour donner aux pauvres
Pendant que je demeurais au Cambodge, il était souvent dehors.
Alors qu'au Cambodge, M. Rainsy va à la campagne pour dire aux pauvres qu'ils sacrifiaient sa maison et ses avoirs pour faire la politique. Pourtant, d'après ce que j'ai su, ses argents provenaient des donneurs cambodgiens qui supportaient les mouvements démocratiques. Ces donneurs venaient et viennent encore entre autres des pays comme le Canada, États-Unis, France et Australie.
J'espère qu'il puisse tenir le même discours d'un pays à un autre.
Pour moi, supporter Sam Rainsy c'est supporter Hun Sen. J'observais souvent les déclarations de M. Rainsy, souvent ils contredisaient ce qu'ils disaient auparavant.
La question qui me demeure obscure depuis le 18 octobre 2006. Le jour où Funcinpec avait organisé un putsch contre Ranariddh. Congrès qui se tenait du 18 au 20 octobre 2006.
Comment celà se fait que M. Rainsy a pu déjà écrire une lettre datant du 18 octobre supportant le putsch de Ranaraddih alors que le congrès du parti Funcinpec n'est même pas encore terminé? Ma conclusion serait que CPP et Sam Rainsy travaillaient ensemble. Car les lettres du CPP et de SRP dataient le même jour : 18 octobre.
Selon mon opinion, si une partie est vraiment démocratique, elle devrait peser le pour et le contre pour appuyer une telle action. Car ce putsch est à fait contre le règlement interne du parti Funcinpec. Donc, si un jour les membres du parti SRP feront un putsch, comment Sam Rainsy va-t-il se défendre ? La défense se fera par les règlements internes du parti.
Si Sam Rainsy est un homme de droit et de lois, il ne devait même pas supporter ce putsch. Car ce putsch était contre les droits et les règlements internes du Funcinpec. De plus, Funcinpec était le levier pour aider les cambodgiens victimes des actes injustes du CPP. Les victimes se plaignent. SRP va les voir. Funcinpec aident ces victimes en allant négocier avec le CPP. Regarde maintenant, qui ose aller négocier avec le CPP pour aider les victimes ! La chute du Funcinpec n'est pas une bonne chose pour les cambodgiens.
Ça c'est juste en qui concerne le Funcinpec et Sam Rainsy. Il y a bien d'autres points négatifs.. sur Sam Rainsy...
Surtout les arriérages de sa petite famille et de l'argent des donneurs.
Les cambodgiens ont besoin un nouveau et bon futur chef...
Surtout pas avec Sam Rainsy !
Khmer Canadian
សូមមេត្តាបកប្រែជាភាសាខ្មែរផងបានទេ?
Hey, big cheer from me the CPP supporter. I lost faith in CPP now. I want to see changes as well.
God bless both of you!
I am a register member of SPR, I lost trust with SRP, and I have changed to CPP and recieved Montrey in MOI.
of course, there are always a few unsatisfied individuals, and nothing anybody do will ever satisfied them anyway. that said, we should focus on the bigger issue that matters more than some petty, trouble-making individuals that we see in any society. being selective helps in a situation like this. god bless cambodia.
Hey Khmer du Canada – vous avez raison a propos de Mr. Rainsy, encore pire c’est sa femme qui se mele souvent de facon redicule dans les affaires du partie.
Cependant, ce qui m’inquiete le plus pour le moment c’est que le CPP ne fait rien pour regler le probleme de migration vietnamien au Cambodge. C’est pour ca que je crois becaucoup de gens vont joindre le nouveau partie pour s’en debarasser des indesirables Vietnamiens de notre pays.
Hey Khmer Canadian, you made a good remark about Mr. Rainsy. Rumor has it that his spouse frequently uses her status to create rains and storms inside the SRP. Frankly, I find it deplorable for a politician to let his wife interfere with his work. Having said that, what concerns me the most at the moment is the fact that CPP is doing nothing to remove the millions of yuons illegally settled in our country. For that reason, I think Khmers inside and outside the country will join DMC to unseat the CPP. In the next election.
hey, their husband/wife team; both are educated. what you expect, him to beat up his wife, that's will end his political career faster than you think. it's all about knowing and respecting each other. and for the youn issue, they should make sure the immigration ministry is doing their job right, meaning they are responsible for the immigration issue because each ministry of gov't do have different responsibility, and if they failed at that, then remove them from office and replace them with someone else who is capable and educated enough to understand his job! don't beat the dog if the thieves trespassing. that's not right!
Oh man - either you don’t know what you’re talking about, or you’re one of the illegal yuon settlers pretending to be Khmer in this forum. Hun Sen rules in Srok Khmer. If he and his cronies let the yuons come to Cambodia, no ministry can oppose him. So don’t blame the ministry of this or of that.
If a politician has hard time to manage his wife, he's going to have a very hard time leading a party.
Bravo Mrs Saumura Tioulong. You represent all women of the world. To all of you, husband & wife means partner not boss & employee. Some women are boss and some men are dump like you guys.
To Khmer Canadian : why don't you replace Sam Rainsy or find another one better then him ? idiot.
Hey Khmer Canadian !
Vous êtes patate un peu. On ne combat pas pour que un parti soit democratique mais pour que le système du pays entier soit démocratique. On veut qu'une personne devienne chef du pays une fois (ou deux) de toute sa vie peu importe le réglement de son parti.
The one-eye gangster Viet puppet Hun Sen regime in Phnom Penh does not care about Khmer.
Ah Hun Sen will let all those Khmers left over from the Killing Fields die systematically while moving the Viet populace in, assisting them and caring for them as per the secret agreements and treaties ah Hun Sen had signed with the Viet.
So please don't talk about the future of Khmer and Khmer's children anymore. There will not be native Khmers left to care for or to worry about anymore. Look at what the life expectancy of all of those Khmers in the country now - Anybody knows?
In the end, there will be just Viet in Cambodia and maybe a very few Khmer left over but vietnamized from head to toe....
Look around in Phnom Penh now...and tell me what you see...
If all of you SOB want to help Cambodia, you'd better do it and do it pretty soon...or you will have nothing left to save at all...
Hope all of you SOB gets this message!!!
Il me semble bien que ce petit Khmer-canadien devient de plus en plus foutu...n'est-ce pas?
well, if you want people to do you a favor, then show them that you can approach them like a human being, not seit daerochhan. have some people's skill and have some respect, too. how would you like it it other approach you like unruly people or something along that line? what goes around comes around, too, you know!
There are some peoples think or thought Sam Rainsy is their God.
Je pense qu'il y a une minorité qui considère que Rainsy est un Dieu.
Sachez que Rainsy et sa femme sont très proche de Chea Sim. Je suis sûr de ma source. La famille de Chakrey Chioulong.
Know one thing, Rainsy and his wife are really close to Chea Sim. Family members of Chakrey Chioulong. So please give money to Sam Rainsy, at least, he can use your monies to build some more guest houses or hotels in Siem Reap.
WE ARE FIGHTING AGAINST YOUNS TO HAVE A REAL DEMOCRATIC'S SYSTEM AND A HEALTHY ECONOMY FOR CAMBODIA.
If someone can really do that I am IN.
Right now, I can't trust nobody.
ONE DAY, WHEN SAM RAINSY SPEAK KAATOOP OR YUONS IN FROM YOU, THEN IT'S TOO LATE.
UN JOUR, QUAND SAM RAINSY PARLERA YUON OU KHATHOOB DEVANT VOUS, IL SERA TROP TARD.
Je suggère aux cambodgiens d'outre-mer de vous allier pour contrer les mouvements de masses Yuons entrant dans notre pays. Sinon, bientôt, le gouvernement du cambodge vous considèrera comme un étranger : comme les blancs, noirs, bruns, etc.
Khmer Canadian
when the strategic methods of cpp are clearly seen, why don't the parties provides leadership skills to most of their followers?
1) when cpp notice the alliance is strong and solid, cpp will buy out key members by bribing with money and positions...and say if there are too many how can cpp buy all of them?
2)when followers of opposition parties are capable and wise by leadership training and decent job skills equiped by the parties, you think those followers will have two heads or easy to buy out? that's not for sure. We call it--individual conscience with proper and advanced education and they cannot also be buy out too. those followers will stay loyal thanks to parties that open their eyes, mind and brain and they can also become good citizens--and that can be good example and role models given birth by the party!
Opposition parties need to open up more, show its intelligence and smartness by training their members--offer them skills and training to become not only good citizens but the leaders in their communes/villages with proper assistance financially and spiritually.
God bless.
It's time for a change, Ah Scam Rainxy had enough.
Kem Sokha is the best picture for overall, let Nominate Kem Sokha for next PM of Cambodia. Sam Rainsy is a failure personne.
That is how democracy works around the world. I never seen an presidential or PM nominee time after time and forever anywhere on this planet.
Surely that Sam Rainsy is not a perfect man.
But one question, can you guys find in this world, it exists one perfect wo/man when s/he does politics???
That's why i HATE politics!
Each political person is ALWAYS hypocrite!
Anyways, i love reading his book, it helps me to understand more about srokkhmer situations.
Then judge and analyse by yourself after reading.
UP
Je suis entierement d'accord pour la création du nouveau parti de M. Sam Rainsy ET Kem Sokha. Mais Le seul problème, comment résoudre le problème de l'immigration vietnamienne au Cambodge qui reprsente à peu près 45% de la population khmère, c'est vraiment une invasion vietnamienne, elle va certaineent absorber le peuple khmer facilement. Les viets vont toujours voter au PPC de Hun Sen.
Hun Sen reste toujours le seul maître du Cambodge avec l'appui de Hanoi.
C'est vraiment très grave pour le Cambodge actuel et le peuple khmer.
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